« Après cela, Avraham ensevelit Sarah, son épouse » (‘Hayé Sarah 23,19)

-> Le Zohar nous enseigne :
Rabbi Chimon a raconté : lorsque Avraham est entré dans la grotte de Ma’hpéla, et y a fait pénétrer Sarah, alors Adam et ‘Hava se sont levés et n’ont plus voulu y rester enterrés.

Ils se sont exclamés : « Nous sommes déjà honteux devant D. du fait de cette faute qui a entraîné la mortalité dans le monde. A présent, vos bonnes actions ne feront qu’intensifier notre humiliation! »
Avraham leur a alors répliqué : « Je suis prêt à intervenir auprès de Hachem en votre faveur afin que vous ne soyez plus jamais honteux devant Lui ».

Immédiatement : « après cela, il enterra son épouse Sarah ».
Que signifie « après cela » (וְאַחֲרֵי-כֵן- véa’haré kén)?

Après qu’Avraham s’est ainsi engagé, Adam est retourné dans sa tombe, mais ‘Hava ne l’a pas suivi. Avraham s’est approché et l’a fait rentrer près d’Adam, qui l’a reçue à cause de lui.

C’est le sens du verset : « Après cela Avraham enterra son épouse Sarah ». Il n’est pas écrit « léSarah », mais « ét Sarah » = le mot « ét » vient inclure ‘Hava, qui a également été enterrée par Avraham.
Et chacun est alors resté à sa propre place.

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+ Notre ancêtre Avraham est arrivé à la grotte de Mah’péla.
Il a senti l’odeur du gan Eden et a entendu les anges de service dire : « Le 1er homme y est enterré, Avraham, Its’hak et Yaakov, le seront aussi. »
Il a vu la flamme brûler et en est sorti. Il a tout de suite désiré ardemment cet endroit.

Avant lui, beaucoup de personnes avaient cherché à enterrer leurs morts là-bas, mais les anges de service gardaient ce lieu. Les gens voyaient un feu y brûler et s’abstenaient d’y entrer jusqu’à ce qu’Avraham arrive et l’achète.
[midrach Aggada Ruth]

-> Quand Adam mourut, son fils l’enterra dans la grotte de Ma’hpéla.
Après la mort de Chét, le secret de la grotte fut jalousement gardé jusqu’à l’époque d’Avraham. […]
Dès que des hommes tentaient d’y enterrer quelqu’un une langue de feu jaillissait de la grotte et les repoussait.
[Zohar ‘Hadach Ruth]

-> Avraham découvrit le caveau de Ma’hpéla lorsque les 3 anges lui avaient rendu visite.
Il avait été prendre 3 veaux de son troupeau pour ses invités. L’un d’eux avait pris la fuite et Avraham l’avait poursuivi.
Le veau avait pénétré dans la grotte de Ma’hpéla et quand Avraham l’y eut rejoint, il vit qu’Adam et ‘Hava y étaient enterrés.
L’atmosphère de la grotte apaisa son esprit, et il prit l’habitude de s’y rendre pour servir D. chaque jour.
Ce fut également à cet endroit que Hachem s’adressa à lui.
La sainteté de cette grotte incita Avraham à vouloir y être enterré.
[Pirké déRabbi Eliézer]

+ Lorsque Lavan a entendu qu’Eliézer arrivait à ‘Haran et qu’il a vu les bijoux que ce dernier avait offerts à sa sœur Rivka, il est sorti à sa rencontre pour le tuer.
Lorsqu’Eliézer a vu Lavan courir vers lui armé d’un glaive, il a prononcé le Nom Divin, et s’est envolé dans le ciel avec ses 10 chameaux.

A la vue de ce spectacle, Lavan a compris qu’il ne pouvait rien contre lui, et lui a dit : « Viens, bien-aimé du Seigneur! Pourquoi restes-tu dehors, alors que j’ai dégagé la maison et qu’il y a de la place pour les chameaux? » (‘Hayé Sarah 24,31).
Et Rachi de commenter : « j’ai dégager la maison : de l’idolâtrie ».
[midrach Yalkout Chimoni Béréchit 109 – (‘Hayé Sarah)]

[anticipant un éventuel échec à vaincre Eliézer, Lavan avait débarrassé sa maison de l’idolâtrie, pour être en mesure de recevoir, le serviteur d’Avraham.
Selon le Mayana chel Torah, on apprend de là que pour les réchaïm l’argent a plus d’importance que leurs idoles/dieu.]

-> Le Méam Loez (‘Hayé Sarah 24,30) enseigne :
La lévitation s’accomplissant également par l’intermédiaire de la magie noire, Eliézer s’éleva au-dessus de l’eau [du puits] afin que Lavan ne pense pas qu’il était un sorcier. En effet, ceux qui pratiquent les sciences occultes voient leurs pouvoirs s’amoindrir au contact de l’eau.
[la guémara (Sanhédrin 67b) enseigne que les sorciers ne peuvent pas réaliser leur magie lorsqu’ils sont en contact avec l’eau (l’eau empêchant tout effet de la sorcellerie).]

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-> Le Baal haTourim (54,33) rapporte qu’ensuite Bétouel et (son fils) Lavan ont essayé d’empoissonner la nourriture d’Eliézer, afin de pouvoir lui voler les richesses d’Avraham.
[en effet, nos Sages (comme le ‘Hizkouni) enseignent que Eliézer avait besoin de 10 chameaux pour transporter l’immense richesse d’Avraham qu’il avait avec lui.
Selon le Ramban chaque chameau était chargé de pierres précieuses.]

Cependant, au moment où Eliézer est allé se laver les mains avant le repas, un ange a échangé son plat avec celui de Bétouel.
Ils ont tous mangé, mais c’est Bétouél qui ne s’est pas réveillé le lendemain matin.

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-> Pour parcourir la distance qui séparait ‘Hébron de ‘Haran, il fallait 17 jours (près de 880 km).
Par égard pour Avraham, D. envoya un ange escorter Eliézer qui lui permit de faire ce voyage en 3 heures.
[Pirké déRabbi Eliézer]

-> En récompense pour l’accomplissement de sa mission, Eliézer fut affranchi par Avraham de son état d’esclave.
[D’après certains commentateurs,] il devint un roi identifié comme étant Og, le roi de Bachan. [Pirké déRabbi Eliézer]
Selon une autre opinion, Its’hak éleva Eliézer au rang de souverain des anges, et il entra vivant au paradis. [Yalkout Chimoni]
[Méam Loez – ‘Hayé Sarah 24,67]

« Avraham était vieux, avancé dans la vie » (« Hayé Sarah 24,1)

-> Il est écrit dans le midrach Yalkout Chimoni (‘Hayé Sarah – chap.105) :

« Avraham demanda la vieillesse.
Il s’adressa à D. en disant : « Maître du monde, quand un homme et son fils arrivent quelque part, personne ne sait qui des deux honorer. »
Hachem lui répondit : « Je jure par ta vie : c’est une bonne chose que tu demandes là, et c’est avec toi que la vieillesse commencera ».
Depuis le début de Béréchit, il n’est fait aucune mention de la notion de vieillesse, et c’est seulement lorsqu’Avraham la demanda qu’elle fut donnée au monde ; c’est pourquoi il est dit : « Avraham était vieux ».

Its’hak demanda les épreuves.
Il s’adressa à D. en disant : « Maître du monde, un homme meurt sans avoir vécu d’épreuves durant sa vie et l’Attribut de Rigueur/Justice s’abat sur lui …
Its’hak demanda les épreuves, et elles furent données, comme il est dit : « Comme Its’hak était devenu vieux, sa vue s’obscurcit » (Toldot 27,1).

Yaakov exigea la maladie [qui précède la mort].
Il s’adressa à D. en disant : « Maître du monde, un homme meurt sans tomber malade, il n’a pas l’occasion de répartir son héritage entre ses enfants. Mais s’il tombe malade 2 ou 3 jours auparavant, il peut alors léguer ses biens …
C’est pourquoi il est dit : « On fit dire à Yossef : ton père est malade » (Vayé’hi 48,1). »

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-> Le rav Dessler (Mikhtav méEliyahou) explique :

– Avraham incarne le ‘hessed, et il déplorait le fait qu’une personne respectable (du fait de son âge), puisse être privée de l’honneur qui lui revient.
Par le phénomène de vieillissement, il avait une volonté sincère d’améliorer les relations entre les hommes.

– Its’hak incarne l’attribut de Rigueur/Justice, et il ressentait la nécessité de doter l’humanité d’un instrument capable d’inciter l’homme au repentir.
L’idée est de donner une sorte d’avant goût des épreuves de l’Enfer qui risquent de s’abattre sur cette personne, si elle ne se repent pas.

– Yaakov, l’homme intègre, par l’Attribut de la Perfection, souhaitait que la paix règne entre les héritiers, et la maladie permet d’avoir le temps pour répartir son legs.
Il avait conscience que les rivalités et la jalousie, provoquent une faille dans le service divin.

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-> Dans ce même midrach, il est également écrit :

« Le roi ‘Hizkiyahou demanda la « seconde maladie ».
Il s’adressa à D. en disant : « Maître du monde, il n’est pas bon pour l’homme que Tu le laisse en parfaite santé jusqu’à l’heure de sa mort. En revanche, s’il tombe malade au cours de sa vie, il se repent sincèrement.
C’est pourquoi il est : « Cantique de ‘Hizkiyahou, roi de Yéhouda, composé à l’occasion de sa maladie dont il guérit » (Yéchayahou 38,9). »

=> ‘Hzikiyahou est allé au-delà de la demande de Yaakov, en priant Hachem qu’Il suscite en l’homme, tout au long de vie, des maladies qui le conduiraient jusqu’au seuil de la mort, et dont il ne guérirait que par pure charité divine. L’homme serait alors animé d’un profond sentiment de gratitude envers Celui qui l’a sauvé, et il se repentirait sincèrement.

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-> Le midrach (Béréchit rabba Vayéra 43,10) nous rapporte que :

Rabbi Yéhouda bar Rabbi Simon dit : « Avraham fit un grand festin [suite à la naissance de Its’hak] » = il fit un festin pour les grands : Og et tous les grands de ce monde y étaient présents.

On dit à Og : « Ne disais-tu pas d’Avraham qu’il est une mule qui ne peut procréer? »
Il répondit : « Quelle est donc cette créature insignifiante [Its’hak] qu’il a reçue en cadeau? Avec mon doigts seulement, je peux la broyer! »

Hachem dit : « Pourquoi méprises-tu donc son cadeau? Je jure que viendra un jour où se dresseront face à toi des milliers et des milliers de myriades de ses descendants, entre les mains desquels tu tomberas (cf. ‘Houkat 21,34).

[Cette interprétation correspond à] ce qu’a enseigné Rabbi Lévi : Jamais un berceau ne fut balancé avant qu’on ne le fît dans la maison d’Avraham. »

-> Le Matanot Kéhouna explique que ce texte suggère que Its’hak fut le 1er enfant au monde à naître de la taille d’un nourrisson. Jusque là, les nouveau-nés sortaient du ventre maternel déjà adultes, et n’avaient donc nul besoin d’un berceau.
C’est pourquoi Og avait ainsi tourné en ridicule à la vue d’Its’hak, dans la mesure où l’on n’avait encore jamais vu d’enfant de taille si réduite.

=> Ainsi, Its’hak fut le 1er enfant « dépendant », incapable de pourvoir à ses besoins dès sa naissance.

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-> Pourquoi dit-on lé’haïm? Pourquoi dit-on labriout? : https://todahm.com/2014/05/18/pourquoi-lehaim-pourquoi-labriout

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« Avraham était vieux, avancé dans la vie » (‘Hayé Sarah 24,1)

En hébreu, cela donne : וְאַבְרָהָם זָקֵן, בָּא בַּיָּמִים (veAvraham zaken ba bayamim)

La dernière lettre de ces 4 mots forme : מַאֲמִן (un croyant – maamim), c’est une allusion à la foi de Avraham en Hachem.
[Yalkout haEzovi]

4 Questions/Réponses – Paracha ‘Hayé Sarah

+ 4 Questions/Réponses – Paracha ‘Hayé Sarah :

1°/ Pourquoi est-ce que cette paracha s’appelle : « la vie de Sarah » (‘Hayé Sarah) alors qu’elle commence par la mort de Sarah, et pourquoi la paracha ultérieure de Vayé’hi, qui signifie : « Yaakov vécut » (Vayé’hi Yaakov), traite de la mort de Yaakov?

-> Le rav Zalman Sorotzkin (Oznaïm laTorah) suggère que cela est fait afin de nous apprendre que la véritable vie n’est pas celle dans ce monde.
Mais plutôt, la vie commence après que l’âme quitte le corps et entre dans le monde à venir.
Ainsi, Sarah et Yaakov sont morts dans ce monde, et ils ont alors pu commencer leur vraie vie.

[Ce monde n’est qu’un bref lieu de passage vers notre endroit de vie éternelle, comme il est écrit (Pirké Avot 4,16) : « Ce monde ressemble à un vestibule devant le monde à venir [éternel]. Prépares-toi dans le vestibule [en accomplissant des bonnes actions, des mitsvot dans ce monde] pour entrer dans le palais. » ]

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-> Par ailleurs, on peut remarquer qu’il est écrit :
– « les années de la vie de Sarah » (שני חיי שרה – v.23,1)
– « les années de la vie de Yichmaël » (שְׁנֵי חַיֵּי יִשְׁמָעֵאל – v.25,17)

Sachant que Rachi commente : les années de la vie de Sara = Toutes égales pour le bien.
Comment peut-on expliquer une telle similitude dans les mots?

-> Selon le Daat Zékénim, Yichmaël a fait une sincère téchouva sur toutes ses fautes (cf. Rachi 25,9), et il a alors été considéré comme une nouveau-né avec aucune faute à son actif.
[plus encore, une téchouva faite par amour, transforme nos fautes en mérites!]
Ainsi, d’une certaine façon, ses années étaient « toutes égales pour le bien », comme celles de Sarah.

Nos fautes ne pourront jamais se comparer à celles très graves de Yichmaël.
=> Si lui a réussi à faire une téchouva totale, nous ne devons donc jamais désespérer de pouvoir également faire une téchouva totale.

Comme l’affirme le Rambam (Hilkhot Téchouva 7,4) : « Une personne qui a fait téchouva est aimée et chérie par D., comme si elle n’avait rien transgressé ».

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2°/ « Rivka, levant les yeux, aperçut Its’hak et se jeta à bas du chameau … [elle demanda à Eliézer : ] Qui est cet homme qui marche dans le champ » (‘Hayé Sarah 24,64-65)

Qu’est-ce qui a poussé Rivka à demander l’identité de Its’hak en le voyant pour la 1ere fois, sachant qu’elle n’a surement pas interrogé Eliézer concernant chaque personne qu’ils ont pu croiser pendant leur trajet?

-> Le Nétsiv (Haémek Davar 24,65) dit que la 1ere fois que Rivka a vu Its’hak, il était en train de prier.
Dans sa prière, il était si retiré de ce monde, qu’il apparaissait comme un ange, au point que Rikva a glissé de son chameau et s’est couverte par respect pour cette sainte personne.

Cette rencontre a tellement mis en elle du respect pour Its’hak, que durant toute sa vie elle sera incapable de se confronter à lui.
C’est pourquoi, par exemple, elle ne lui demandera pas le départ de Essav, comme Sarah avait pu le faire au sujet de Yichmaël, à son mari Avraham.

-> Le Mochav Zékénim, ainsi que le Panéa’h Raza, citent le midrach affirmant que Its’hak marchait à l’envers, avec ses pieds en l’air.
Ils expliquent que Avraham a blessé Its’hak au moment de le ligoter afin de l’offrir en sacrifice, et les anges l’ont ensuite pris au Gan Eden afin qu’il puisse récupérer et guérir.
Or, il est d’usage que les personnes revenant du Gan Eden marchent à l’envers (cf. Rachi Chmouël I 28,12).

=> Ainsi, Rivka remarquant cette façon inhabituelle de se déplacer, elle a demandé son identité à Eliézer.

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3°/ Rachi (v.23,2) écrit : Le récit de la mort de Sarah fait immédiatement suite à celui du sacrifice de Its’hak. Lorsqu’elle a appris que son fils avait été ligoté sur l’autel, prêt à être égorgé, et qu’il s’en était fallu de peu qu’il fût immolé, elle en a subi un grand choc et elle est morte.

La guémara (Pessa’him 8b) enseigne que ceux qui réalisent des mitsvot ne seront en aucun cas lésés du fait d’avoir fait une mitsva.
=> Comment est-il alors possible que la mitsva de la ligature d’Its’hak a pu entraîner la mort de sa femme bien-aimée?

-> Le rav ‘Haïm Kanievsky explique que l’intention de la guémara est que la réalisation d’une mitsva n’entraîne pas une souffrance supplémentaire.
Cependant, si le temps naturel de mourir d’une personne est arrivé et qu’elle est méritante, alors Hachem va faire en sorte qu’elle meurt pendant la réalisation d’une mitsva.
En effet, le midrach (Kohélet rabba 3,22) enseigne que celui qui fait une mitsva juste avant sa mort, est considéré comme ayant observé toutes les mitsvot de la Torah.

-> Le Mérafsin Igri est d’avis que Hachem protège une personne lorsqu’elle fait une mitsva, mais ce principe ne s’appliquait pas à la Akédat Its’hak, puisque son but était de tester le dévouement d’Avraham à Hachem, même dans les circonstances les plus difficiles.

Dans ce cas, la permission a été donnée au Satan pour rentre encore plus difficile cette situation : en montrant à Avraham que ses actions ont causé la mort de sa femme bien-aimée.
=> Alors que le moment de la mort de Sarah était arrivé, cela permettait en plus de magnifier l’épreuve et d’apporter à Avraham une récompense beaucoup plus importante.

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-> Rabbi ‘Hanan dit : celui qui en appelle au jugement contre son prochain sera jugé en premier, d’après les 2 versets : « Saraï dit à Avram : Que l’injure qui m’est faite retombe sur toi … Que Hachem juge entre moi et toi! » (Lé’h Lé’ha 16,5) et plus loin : « Avraham vint pour prononcer l’oraison funèbre sur Sarah et la pleurer » (‘Hayé Sarah 23,2).
[guémara Roch Hachana 16b]

-> Le Pné Yéhochoua enseigne :
Qui prouve que le décès prématuré de Saraï est une conséquence d’avoir invoqué le Ciel contre Avram? Peut-être son décès à 127 ans n’était-il pas une sanction, mais correspondait à la date prévue de sa mort?
Il n’en est rien, car dans le verset (‘Hayé Sarah 23,2), il aurait suffi d’écrire : « Avraham prononça l’oraison funèbre de Sarah » et l’expression : « Avraham vint (vayavo Avraham) semble apparemment superflue.
En fait, le texte veut nous enseigner, par l’expression: « Avraham vint » que cette arrivée n’était pas prévue, naturellement, car il était prévu dans le Ciel que c’est Sarah qui devait prononcer l’oraison funèbre au Ciel contre son époux, elle a diminué sa durée de vie (en invoquant le Ciel contre lui) et c’est donc son époux qui vint l’enterrer.

[ => Combien nous devons être vigilant à ne pas « appeler au jugement contre son prochain », car nous sommes alors « jugé en premier », et même pour notre Matriarche Sarah cela s’est terminé par une mort prématurée!! ]

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4°/ « Avraham vint faire l’éloge funèbre de Sarah et la pleurer » (‘Hayé Sarah 23,2)

Le Baal haTourim fait remarquer que la lettre kaf (כ) de : וְלִבְכֹּתָהּ (vélivkota – et la pleurer) est écrite dans la Torah plus petite que les autres lettres, afin de nous enseigner qu’il s’est autorisé à ne pleurer qu’une petite quantité.

Pourquoi Avraham n’a-t-il pas pleuré davantage sur la perte de sa femme bien-aimée?

-> Le Baal haTourim répond qu’il a peu pleuré parce qu’elle était déjà très âgée (127 ans!).

Par ailleurs, la guémara (Baba Kama 93a) enseigne que Sarah a été punie pour avoir demandé à Hachem de juger sa plainte contre Avraham (« Que Hachem juge entre moi et toi! » – Lé’h Lé’ha 16,5), faisant qu’elle allait mourir prématurément.
Etant considérée comme partiellement responsable de sa mort, il l’a pleuré avec moins d’intensité.

-> Le Darké Moussar fait remarquer que Avraham a voyagé pendant 3 jours afin de réaliser la Akéda le jour de Kippour.
Le temps qu’il retourne chez lui pour enterrer et prendre le deuil de Sarah, c’était la veille de Souccot, faisant que la période de deuil a été réduite à uniquement un seul jour. [puisque la fête interrompt le deuil, il ne lui restait pas beaucoup de temps pour la pleurer!]

Par ailleurs, puisque Sarah avait laissé un enfant très vertueux pour continuer dans son chemin, elle était considérée à un certain niveau comme toujours en vie. C’est pour cela qu’il a réduit les pleurs.

-> Le Kessef Nivchar, cite la guémara (Moed Katan 27b), qui enseigne qu’il faut pleurer un mort pendant 3 jours et prendre le deuil pendant 7 jours.
Après avoir mis pratiquement 3 jours pour revenir chez lui après la Akéda, il ne restait plus que quelques heures pour la pleurer.

-> Le Kéhillat Its’hak explique qu’en entendant que la Akéda a entraîné la mort de Sarah, Avraham n’a pas voulu pleurer excessivement d’une manière qui aurait pu être interprétée par autrui, comme l’expression d’un regret de la Akéda, à cause de ses conséquences.

En effet, la guémara (Kiddouchin 40b) enseigne que le fait de regretter d’avoir réalisé une mitsva ou bien de ne pas avoir fait une avéra, a le pouvoir d’annuler cette bonne action ou le fait de s’être retenu de fauter.

Le Pirké déRabbi Eliézer (chap.31) rapporte que sur le chemin aller, le Satan a mis une rivière (Avraham était sur le point de mourir noyé) et est également apparu sous la forme d’une vieille personne se moquant de ce qu’il s’apprêtait à faire. Ces plans n’ont pas fonctionné.

Le Kéhillat Its’hak dit qu’une fois la Akéda réalisée, le Satan a essayé de le faire regretter en montrant que la mort de sa femme Sarah était de sa faute (bien que son heure était arrivée), profitant de sa détresse émotionnelle, ce qui aurait alors comme conséquence d’annuler toute récompense à cette incroyable mitsva.

[« véasser aSatan milfanénou ouméa’harénou » – Retire le Satan de devant et de derrière nous – Prière Arvit]

-> Rabbi Shimshon Raphaël Hirsch dit que son chagrin était certainement immense, mais il n’a pas voulu exhiber sa souffrance, dissimulant la pleine mesure de sa douleur dans le fond de son cœur et dans l’intimité de sa maison.

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-> Il peut être intéressant d’ajouter que bien que le roi Chlomo soit considéré comme l’auteur du livre de Michlé, le midrach Tan’houma (‘Hayé Sarah 4) enseigne que le dernier chapitre de Michlé (31,10-31), qui est connu comme le : Eshét ‘Haïl (chant du vendredi soir), a été composé bien avant sa naissance.

En effet, à la mort de sa femme bien-aimée Sarah, Avraham a commencé à faire son éloge, et il a composé cette magnifique expression de son appréciation pour sa femme de grande valeur.

Le midrach explique en détail comment chaque ligne est une expression unique de louange pour un événement qui a pu se passer dans la vie de Sarah.

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+ Petits bonus (b’h) :

-> Le Pardes Yossef donne l’enseignement suivant :
« Selon le Pirké déRabbi Eliézer et le midrach Yalkout Chimoni, Eliézer le fidèle serviteur d’Avraham, n’était autre que le géant Og, qui est devenu par la suite le roi de Bachan (Og mélé’h aBachan).
D’après le Rachbam, il était tellement grand, qu’il avait besoin d’un lit spécial fait de fer afin de pouvoir supporter sa taille et son poids incroyables.

On comprend mieux pourquoi Eliézer a demandé à Rivka : « Y a-t-il dans la maison de ton père de la place pour nous, afin de passer la nuit? » (‘Hayé Sarah 24,23).
En effet, il était si immense, qu’il n’était pas certain de pouvoir rentrer dans la maison.
Mais il a été rassuré, lorsque Lavan lui a dit : « Pourquoi te tiens-tu dehors alors que j’ai débarrassé la maison » (‘Hayé Sarah 24,31) = maintenant qu’elle est vide, il y a de la place pour toi!  »

[selon Rachi : J’ai nettoyé la maison = De toute idole]

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-> Il est écrit au sujet de 3 personnes, qu’ils avaient un visage ressemblant à celui de Avraham :
– pour Lot (Rachi – Lé’h Lé’ha 13,8) ;
– pour Its’hak (Rachi – Toldot 25,9) ;
– pour Eliézer (midrach Béréchit rabba 60,7). D’ailleurs, c’est pour cela qu’à son arrivée dans la maison de Bétouel et de Lavan, au début, ils pensaient à tort que c’était Avraham.

« J’enterre mon mort …enterre ton mort … pour inhumer ton mort … d’ensevelir mon mort … ensevelis ton mort … j’y ensevelisse mon mort … et ton mort enterre-le » (‘Hayé Sarah 23,4-15)

Dans cette discussion du début de la paracha entre Avraham et Efron, il apparaît 7 fois la notion d’enterrer ton mort.
Pourquoi était-il besoin de tant de répétitions?
Pourquoi est-ce que nous avons 6 fois une tournure identique du type : « enterre ton mort », et une seule fois une formulation inversée : « ton mort enterre-le »?

Nous allons voir b’h les réponses du Gaon de Vilna.

Avraham savait qu’en plus de Adam et ‘Hava, il y aurait 3 autres couples qui allaient être enterrés dans le caveau de Ma’hpella : Avraham et Sarah ; Its’hak et Rivka ; Yaakov et Léa.
De plus, la guémara (Sotah 31a), nous rapporte que la tête de Eisav y sera également enterrée.

=> Au total, il y aura dans ce caveau : 6 tsadikim et un racha.

Nos Sages (guémara Béra’hot 18) enseignent :
« Les réchaïm sont tenus pour morts même de leur vivant.
Les tsadikim même dans leur mort, ils sont toujours considérés comme vivants et de plus, ils exercent une plus grande influence après leur disparition que de leur vivant. »

Cependant, nos Sages (guémara Shabbath 152) font remarquer qu’il y aura une courte période durant laquelle même les tsadikim vont goûter à la mort. Cela se passera juste avant qu’ils ne se relèvent de leur tombe au moment de la résurrection des morts.
Ainsi, c’est uniquement durant ce bref moment, qu’ils mourront d’une vraie mort.

Il en découle que l’enterrement d’un tsadik a lieu avant sa mort.
Son corps est enterré alors qu’il est toujours considéré comme vivant (ayant même plus d’influence que lorsqu’il était vivant physiquement!), et ce n’est que dans le futur qu’il devra mourir pendant un court instant.

A l’opposé, l’enterrement d’un racha a lieu après sa mort. En effet, même s’il vit physiquement, il est considéré comme mort.

Nous voyons donc qu’il y a 6 tsadikim qui vont être enterrés dans le caveau de Ma’hpella, et ce avant leur mort, puisqu’ils sont toujours considérés comme vivants (jusqu’à ce moment précédant la résurrection des morts).
=> Il est ainsi mentionné 6 fois : enterre ton mort = d’abord il est enterré, et ensuite il va mourir.

Par contre, concernant Essav, sa tête y a été enterrée après sa mort.
Il apparaît une seule fois : ton mort enterre-le = d’abord il était mort (puisque se comportant comme un racha) et ensuite il a été enterré.

« [Efron dit à Avraham] « Une terre de 400 Shékels en argent entre toi et moi, qu’est-ce que cela? » …
Avraham écouta Efron, et Avraham pesa à Efron le prix qu’il avait dit … 400 Shékels en argent, en monnaie qui a cours partout » (‘Hayé Sarah 23,15-16)

+ « Entre toi et moi » :

-> Rachi explique que par ces mots : « entre toi et moi », Efron voulait dire à Avraham : « Que représente cette somme pour 2 personnes qui s’aiment comme toi et moi ».

-> Sachant que Avraham et Efron se connaissaient à peine, on peut s’interroger : depuis quand sont-ils devenus des amis, des personnes qui s’aiment?

Dans les mots de Rachi : « 2 personnes qui s’aiment » se dit : « chéné oavim » (שְׁנֵי אוֹהֲבִים).
Littéralement, ces termes signifient : « 2 gens, qui aiment ».
Efron fait donc remarquer à Avraham que chacun d’entre eux est : « une personne qui aime ».
Avraham aime les mitsvot de tout son cœur et est prêt à tout pour les accomplir. Et Efron aime l’argent plus que tout.

Ainsi, il convient qu’Avraham paie cher (400 Shékels en argent) le caveau de Ma’hpella. En effet, il aime tellement les mitsvot que cette somme est minime pour lui, si elle peut lui permettre de réaliser une mitsva.
Et Efron aime tant l’argent que cette grande somme est infime pour lui. Il en voudrait bien plus.

=> Efron voulait ainsi signifier à Avraham : « Que représente cette somme pour deux « aimant » comme nous? Toi qui aime les mitsvot et moi qui aime l’argent ».

-> Selon Rabbénou Yona, c’était la dernière épreuve de Avraham : prouver qu’il aimait Hachem de tous ses moyens, sans se plaindre du prix élevé de la mitsva.

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-> Les Parpéraot léParachat haChavoua expliquent : « entre toi et moi », comme faisant référence à la lettre que Efron (עֶפְרוֹן) et Avraham (אַבְרָהָם) partagent ensemble dans leur nom, soit : le réch (ר).

Le réch a une guématria de 200, et si on la multiplie par 2 (puisque présente dans les 2 noms), nous arrivons à 400.

=> Efron exprime à Avraham que cette somme est l’expression du lien les unissant.
[ainsi qu’importe si c’est un montant important, paie!]

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« Avraham écouta Efron (עֶפְרוֹן) et Avraham pesa à Efron (עֶפְרֹן) »

Dans tout ce paragraphe, le nom de Efron est écrit en entier, avec la lettre vav : “עפרון”, sauf dans ce verset où il est écrit sans le vav (עפרן).

-> Rachi explique que la Torah vient ici faire allusion au fait que Efron a certes au début, tenu de belles paroles, offrant le terrain (où se trouvait le caveau de Ma’hpella) à Avraham. Mais finalement, il n’en a rien fait, prenant de Avraham beaucoup d’argent.
Ce grand défaut de sa part s’est exprimé par la réduction d’une lettre de son nom.

-> Le Baal haTourim explique que ce vav en moins, est parce que Efron avait un « mauvais œil » (rav ayin – רַע עָיִן expression que nous trouvons par exemple dans : michlé 16,7).
La guématria de : רַע עָיִן est de : 400, qui est la même que le nom Efron écrit sans le vav : עפרן.

-> Pourquoi est-ce spécialement la lettre vav qui symbolise ce trait (midda) d’un « mauvais œil » (personne généralement mesquine, avide de toujours plus de biens).
Le Kli Yakar apporte la réponse suivante.

La guémara (Baba Batra 9b) enseigne que celui qui donne de l’argent à un pauvre est béni par 6 bénédictions, tandis que celui qui est avare avec son prochain juif qui est dans la pauvreté, en ne lui donnant rien, ne reçoit pas ces 6 bénédictions.

La lettre vav, a une valeur de 6.
Ainsi, puisque Efron avait un « mauvais œil », il lui manquait ces 6 bénédictions (en allusion par le vav en moins dans son nom).

-> Le nombre 400 a la même valeur que : « mauvais œil », et le Kli Yakar ajoute que l’on peut observer à 4 reprises dans la Torah un lien entre 400 et le trait du mauvais œil :

1°/ Efron a témoigné d’un « mauvais oeil » en demandant un prix énorme de 400 Shékels « en monnaie qui a cours partout ».
Rachi (guémara Baba Métsia 87a) explique que chaque Shékel payé par Avraham pour cette parcelle valait 2500 Shékels ordinaires.
Il a payé un total de 1 million de Shékels ordinaires pour l’achat du caveau.

2°/ Essav, par jalousie que son frère ait reçu les bénédictions de son père, va aller combattre Yaakov accompagnait de 400 hommes.

3°/ Les frères de Yossef étaient jaloux de Yossef, ce qui a conduit à sa vente aux Yichmaëlim, et cela a entraîné un exil en Egypte qui devait durer 400 années.

4°/ Le mesquin Naval haKarméli que David a attaqué avec 400 hommes.

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-> Nos Maîtres disent que le nom d’une personne reflète l’essence profonde de cette personne.
Ainsi, si le nom de Efron est réduit, c’est que par le mauvais comportement qu’il a adopté, il en a été réduit dans son être, celui-ci a donc changé négativement.

Cela vient nous apprendre que les actions d’une personne ne restent pas extérieures à elle. En réalité, elles influent sur son identité et sa nature pour même les modifier, en bien comme en mal.
[Léovdé’ha béEmet]

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-> Le Steïpler affirme que Efron a fait payer à Avraham le prix fort pour cette terre, puisque Yaakov a pu acheter un terrain apparemment équivalent pour 100 kessita (Vayichla’h 33,19), ce qui est équivalent à seulement 5 Shékels.
Cela indique que Efron a profité de Avraham en lui faisant payer à minima 80 fois plus que le prix du marché.

-> Le ‘Hatam Sofer suggère que Efron aurait dû recevoir 406 Shékels, qui est la valeur numérique de son nom écrit avec un « vav », mais en étant si désireux de maximiser le prix, il s’est trompé en établissant un prix de 400 Shékels, qui est la valeur de son nom écrite sans le « vav ».

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« 400 Shékels en argent, en monnaie qui a cours partout » (v.23,16)

Nous allons voir b’h, un commentaire du ‘Hida (Torat ha’Hida) sur les mots : « qui a cours partout » (ovèr lacho’hèr – עֹבֵר לַסֹּחֵר).

Le terme : « ovèr » signifie : qui précède, qui vient avant (comme dans : עובר לעשייתן – avant qu’un acte ne soit fait).
Ainsi : « ovèr lacho’hèr » peut se comprendre comme : qui précède le mot : cho’hèr (סֹּחֵר).
En prenant pour chaque lettre, celle venant juste avant, on obtient : nézék (un dommage – נזק).
[réch-> kouf ; ‘hét -> zaïn ; samé’h -> noun]

De plus, ce mot : « cho’hèr » (סחר) a les mêmes lettres que : ‘hassèr (חסר – manquant)

=> En escroquant Avraham sur le prix du terrain, Efron s’est endommagé lui-même (נזק), et on s’en souvient comme de quelqu’un de cupide.
Cela a prouvé à quel point Efron était malhonnête, manquant (חסר) totalement d’intégrité.

« It’shak la conduisit dans la tente de Sarah sa mère ; il épousa Rivka, elle devint sa femme et il l’aima ; et Its’hak se consola de sa mère. » (‘Hayé Sarah 24,67)

-> Rachi : Aussi longtemps que Sarah était en vie, une lumière était allumée de chaque veille de Shabbath à la suivante, la pâte qu’elle pétrissait était bénie, et une nuée était fixée au-dessus de la tente. Tout cela a cessé à sa mort, pour reprendre à l’arrivée de Rivka.

-> Le Gour Aryié explique qu’il s’agit des 3 mitsvot destinées spécifiquement aux femmes :
– la lumière représente l’allumage des bougies de Shabbath ;
– la pâte, c’est le prélèvement de la pâte de la ‘hala (la afrachat ‘Hala) ;
– la nuée, symbole de la présence divine (cf. Chémot 40,34), fait référence à la pureté familiale, puisque la pureté permet à une personne de recevoir la présence divine.

-> Le Ramban dans on introduction au livre de Chémot dit que de même que la présence divine s’est reposée sur le Michkan, de même elle reposait auparavant sur les tentes de nos Patriarches.

Le Chem miChmouël poursuit que les miracles de Sarah sont à mettre en parallèle avec ceux du michkan :
– sa lampe brillait toute la semaine, de même que la lampe occidentale (nér atamid) de la Ménorah restait miraculeusement allumée ;
– sa pâte était bénie, de même que les pains de proposition (lé’hem apanim) qui restait chaud et frais pendant toute la semaine ;
– une nuée était fixée au-dessus de la tente, et il en était de même au-dessus du michkan.

Pourquoi est-ce que : « une lumière était allumée de chaque veille de Shabbath à la suivante »?

Le Chem miChmouël répond : C’est parce que dans la tente de Sarah, la sainteté de Shabbath restait durant toute la semaine sans aucune perte, jusqu’à ce qu’elle soit renouvelée le Shabbath suivant.

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-> « Le soleil se lève, le soleil se couche » (Kohélet 1,5)

Avant que le « soleil » de Sarah ne se couche, celui de Rivka s’est levé.
Rivka a réalisé les mêmes bonnes actions que Sarah, et a ainsi mérité les mêmes bénédictions.
[Rabbénou Efraïm]

« La vie de Sarah fut de 127 ans » (‘Hayé Sarah 23,1)

-> Rachi commente : « … Sarah était à 20 ans aussi belle qu’à 7 ans ; et à 100 ans, elle était aussi dépourvue de fautes qu’à 20 ans.
Autre explication : … il s’agit de Sarah dont les actes étaient irréprochables …
La vie de Sarah : toutes ses années étaient identiquement bonnes. »

-> « Yisska n’était autre que Sarah. Pourquoi l’appelait-on Yisska?
Parce qu’elle « parlait » [sakha] sous l’inspiration divine …
Autre explication : parce que tous « parlaient » de sa beauté. »
[guémara Méguila 14a]

-> Pour sa beauté physique :
La guémara (Méguila 15a) dit que Sarah fait partie des 4 femmes les plus belles de l’Histoire du monde.
D’ailleurs, selon la guémara (Baba Batra 58a), en comparaison d’elle, les autres femmes ressemblaient toutes à des singes.

-> Pour sa beauté spirituelle :
Sarah était détachée des vanités de ce monde, et se consacrait à ses aspirations spirituelles, au point d’accéder à l’inspiration divine et d’atteindre un niveau de prophétie même supérieur à celui d’Avraham son mari (cf. Rachi Vayéra 21,12).

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-> Les Tossafot (guémara Baba Kama 97b) nous enseigne :
« La pièce frappée par Avraham portait d’un côté l’inscription : « Un vieillard et une vieillarde », et de l’autre : « Un jeune homme et une jeune femme ». »

Le but de ces inscriptions était d’encourager les hommes à acquérir et à conserver ces deux vertus qui semblent s’opposer : la sagesse d’une part, dès le plus jeune âge, et la vigueur de l’autre, jusqu’à un âge avancé.

Avraham et Sarah incarnaient parfaitement ce message :
-> « Avraham courut au troupeau » et indiqua à sa femme de « prendre vite 3 mesures de farine ».
Or à l’époque, ils étaient déjà presque centenaire.
On apprend également (guémara Nédarim 32a), que dès son jeune âge il était doté d’une sagesse : « Avraham découvrit l’existence de son Créateur à l’âge de 3 ans ».

-> Sarah, on a pu voir le commentaire de Rachi : « toutes ses années étaient identiquement bonnes ».
Le Béer Yossef dit que dans sa jeunesse, on pouvait discerner chez elle la pondération et le discernement des personnes âgées, et à 100 ans, elle était aussi dynamique et active dans sa quête du bien que dans sa jeunesse, lorsqu’elle était dans la force de l’âge.

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-> b’h, A lire également : https://todahm.com/2011/11/24/paracha-haye-sarah
-> et également : https://todahm.com/2014/04/01/1278

« Et Avraham était vieux, il est venu avec des jours (ba bayamim – ‘Hayé Sarah 24,1)

Qu’est-ce que cela signifie qu’il est « venu avec des jours »?
Est-ce qu’il a ramené un paquet d’anciens calendriers?

Le Zohar (Vayé’hi) répond en expliquant que dans le Gan Eden, les « habits » de l’âme d’une personne sont faits à partir des jours de sa vie.
Dans le monde à venir, nous sommes habillés du temps, et celui qui a perdu sa vie sur terre n’aura aucun habit pour son âme après sa mort.

Par exemple, lorsque Adam et ‘Hava se retrouvent nus (Béréchit 3,7), au-delà d’être une réalité physique, d’un point de vu mystique cela renvoie au fait qu’ils n’ont vécu qu’une seule journée dans ce monde, et qu’ils ont perdu le temps en fautant.
Ils étaient nus en terme de temps de vie bien utilisé!

En ce qui concerne Avraham, le Zohar explique qu’il a utilisé chacun de ses jours correctement, les remplissant au maximum de Torah et de mitsvot.

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-> « Il n’y a pas de perte pire, que la perte de temps »
[Midrach Shmouel – Avot 5,23 – én avéda kaavédat azman]

Le yétser ara a pour objectif de nous endormir afin de nous faire perdre le temps, ce qui est logique car c’est ce qui a le plus de valeur dans ce monde (le temps passé, ne revient pas!).

=> Il est dommage d’attendre la fin de sa vie pour en apprécier sa valeur, pour se rendre compte de toutes les opportunités que nous avons laissé filées.

b »h, Tâchons de suivre l’exemple de notre Patriarche Avraham, afin de ramener nos jours avec nous, afin de ne pas nous retrouver « tout nu » (sans vêtement).
En effet, pour quelques plaisirs passagers de ce monde, nous risquons d’être honteux pour l’éternité dans le monde à venir.
Réveillons-nous, car cela n’en vaut clairement pas la même!!

« Avraham écouta Efron, Avraham pesa à Efron l’argent dont il avait parlé aux oreilles des gens de ‘Het : 400 shékels d’argent, en monnaie marchande. » (‘Hayé Sarah 23,16)

Une femme originaire de Sloutsk (Biélorussie) avait été enterrée dans le cimetière de cette ville.
Quelque temps après, des parents demandèrent à exhumer le corps pour le transférer en Israël.

Ils prirent conseil auprès du rav Aharon Kotler, qui leur dit :
« A mon avis, il vaudrait mieux offrir le coût du transport et de la réinhumation à quelque yéchiva aux prises à des difficultés financières.
Cela procurera bien plus de mérite à l’âme de la défunte que son transfert en Israël ».

Le ‘Hafets ‘Haïm avait répondu à ce sujet au rav Chakh : « Nous voyons dans la Torah qu’Avraham a dépensé une importante somme d’argent pour l’enterrement de notre mère Sarah, en payant à Efron 400 shékels d’argent en monnaie marchande.
Mais c’était avant le don de la Torah.
Maintenant qu’elle a été donné, mieux vaut dépenser de l’argent pour elle. »

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-> A propos de ceux qui dépensaient une fortune pour édifier une stèle magnifique sur la tombe de leurs parents, le ‘Hafets ‘Haïm déclarait :

« Il est stupide de construire des pierres tombales luxueuses à la mémoire des parents et de fleurir leur lieu de sépulture, en croyant faire du bien à leur âme …
Une personne est tenue de multiplier les mitsvot, les bonnes actions et les dons charitables pour sauver ses parents de l’enfer.

Au lieu de gaspiller de l’argent pour des stèles inutiles, il est préférable, pour l’élévation de l’âme des parents, de contribuer généreusement au développement de la Torah. »

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-> Ce désir de déplacer la tombe d’un proche peut venir des paroles de Rachi : « Les morts ensevelis hors de la terre d’Israël « vivent » dans la souffrance des migrations souterraines » (Béréchit 47,29)

[ En effet, lors de la résurrection des morts, les corps enterrés en dehors d’Israël devront « rouler » sous terre jusqu’à arriver en Israël, d’où le fait de se faire enterrer en Israël, terre sainte, qui nous évitera cette souffrance, étant directement sur place.]