Malgré sa venue en Egypte, Yaakov bénéficia d’un avantage spécial. Là où Yaakov allait, la Présence Divine se trouvait toujours à ses côtés. Quel que fut l’endroit où il vivait, l’air était pur et clair.

Cette situation est semblable à celle des juifs durant les 40 ans dans le désert, ils offrirent des sacrifices et érigèrent le Michkan, bien qu’il soit en principe interdit d’en offrir en-dehors de la Terre sainte.
Puisque tout Israël était rassemblé dans le désert, alors il équivalait à la Terre sainte.

Il en va de même : Puisque Yaakov et ses fils (toute la descendance d’Avraham), vivaient en Egypte, on ne pouvait considérer que Yaakov était mort hors de la Terre sainte.
L’air que Yaakov respirait en Egypte était pur et saint.
Cependant, dès qu’Israël quitta l’Egypte, la sainteté disparut, et l’impureté revint comme auparavant.

Ainsi, puisque Yaakov savait que ses descendants allaient quitter l’Egypte, il ne désira pas y être enterré.

[le Chné Lou’hot haBrit – rapporté par le Méam Loez (Vayé’hi 47,31)]

Questions/Réponses – Paracha Vayé’hi

+ Questions/Réponses – Paracha Vayé’hi :

1°/ « S’il te plaît, ne m’enterre pas en Egypte » (Vayé’hi 47,29)

Une des 3 explications de Rachi est : les morts ensevelis hors de la terre d’Israël « vivent » dans la souffrance des migrations souterraines.
[Ils sont obligés d’endurer la souffrance de rouler à travers des tunnels pour atteindre la terre d’Israël pour la résurrection des morts]

Par ailleurs, la guémara (Kétoubot 111b) enseigne qu’au moment de la résurrection des morts, les tsadikim vont jaillir et se lever à Jérusalem.

=> Quel est l’intérêt de l’enterrer à ‘Hevron, si Yaakov devra quand même subir des souffrances pour atteindre Jérusalem?

-> Le Mérafsin Igri répond que ceux qui sont enterrés en dehors d’Israël devront rouler dans le sol jusqu’à atteindre Jérusalem, et là ils ressusciterons.
Par contre, ceux qui sont enterrés ailleurs qu’à Jérusalem, vont d’abord revenir à la vie là où ils sont enterrés, et ensuite ils pourront marcher normalement jusqu’à Jérusalem.
Cette cette 1ere douleur (rouler dans le sol) que Yaakov voulait éviter.

-> Le Arizal écrit qu’il existe une cavité souterraine qui relit directement la grotte de Ma’hpéla (‘Hebron) au Kotel. D’ailleurs, c’est par ce trajet que chaque veille de Shabbath, après le midi juif, nos Patriarches vont au Kotel.
On comprend mieux pourquoi, Yaakov ne s’est pas préoccupé d’être enterré à ‘Hebron.

-> Rav Dovid Twerski (le 1er Rabbi de Tolna) rapporte les paroles de nos Sages que si une personne est méritante, des anges Célestes vont amener sont cercueil jusqu’en terre d’Israël, au moment de la résurrection des morts, lui évitant ainsi les douleurs liées au déplacement.
De même, les anges vont retirer d’Israël ceux qui ne méritent absolument pas d’y être ressusciter.

=> Yaakov a insisté pour être enterré en terre d’Israël, car dans son énorme humilité, il ne se considérait pas comme un tsadik, ne méritant pas que les anges viennent l’apporter en Israël.

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2°/ Lesquelles des 12 tribus meurent avec davantage de maladies que les autres?

-> Rachi (v.49,22) commente : la descendance de Yossef est invulnérable au mauvais œil (guémara Béra’hot 20a).

De même, lorsque Yaakov a béni [les enfants de Yossef : ] Menaché et Efraïm (v.48,16), il a souhaité qu’ils se multiplient comme les poissons, sur lesquels le mauvais œil n’a aucune prise.

La guémara (Baba Métsia 107b) enseigne que sur 100 morts, 99 sont causées par le mauvais œil (ayin ara), et une seule l’est suite à des causes naturelles.
Les Tossefot font remarquer que puisque les descendants de Yossef sont protégés contre le mauvais œil, on aurait pu penser qu’ils vivent beaucoup plus longtemps que le restant des juifs, car étant immunisés contre 99% des causes de mort.
Cependant, dans la réalité nous ne constatons pas de différence de durée de vie entre les différentes tribus du peuple juif.

=> Les Tossefot suggèrent que lorsque le temps de mourir est venu pour un descendant de Yossef, Hachem le frappe alors d’une maladie qui lui sera fatale. C’est ainsi que ces derniers meurent beaucoup plus fréquemment de maladie que les autres tribus.

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[selon nos Sages, toutes les femmes égyptiennes regardaient Yossef, et lui ne les regardait pas.
Ainsi, pour se protéger du mauvais œil, il ne faut pas utiliser ses yeux négativement (choses interdites, jalousie, …), à l’inverse il faut avoir un regard positif (sur autrui, sur ce que l’on a dans la vie, …)]

-> b’h, dvar Torah sur la jalousie et le ayin ara : https://todahm.com/2018/12/09/jalousie-et-mauvais-oeil

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3°/ Combien de fois Yaakov a-t-il était enterré?

-> La michna dans Nazir (9,3) nous enseigne que si une personne transfert un corps qui a déjà été enterré, elle doit également prendre avec un peu de la terre qui est autour.

La guémara (Nazir 65a) déduit ces lois de la demande de Yaakov : « tu me transporteras hors de l’Egypte » (Vayé’hi 47,30), commentant que Yaakov a dit à Yossef de prendre également de la terre environnante avec son corps.

=> Selon le sens simple de cette guémara, Yaakov a d’abord été enterré immédiatement en Egypte après sa mort, et 70 jours plus tard, il a été déterré et ré-enterré à ‘Hevron.

-> Cependant, le Moshav Zékénim (et le Rambam) affirme que Yaakov n’a jamais été enterré en Egypte.
La guémara peut être comprise comme Yaakov demandant à Yossef de ne surtout pas l’enterrer en Egypte, car après il devront prendre de la terre de ce pays, ce qui leur donnera inutilement du travail supplémentaire.

-> Dans la Torah, d’abord les frères se sont assis en deuil pour leur père (v.50,10), et c’est seulement ensuite que « ses fils le portèrent au pays de Canaan et l’ensevelirent dans le caveau » (v.13).
Or, selon la loi juive (Choul’han Aroukh – Yoré Déa 375,1), la période de deuil débute au moment où l’on procède à l’inhumation et après la fermeture de la sépulture avec la terre. Dès cet instant, les proches doivent se conformer aux lois des endeuillés.

Selon le Panéa’h Raza, cela est en accord avec les paroles du ‘Hizkouni, qui maintient que Yaakov a été enterré d’abord en Egypte. En effet, cela explique pourquoi ils ont pu prendre le deuil sur sa mort avant de l’enterrer en Israël.

[« L’Egypte le pleura 70 jours » (v.50,3), après cette période Yossef demanda à Pharaon de lui permettre de réaliser sa promesse de l’enterrer en terre d’Israël.]

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-> Parmi les égyptiens qui se joignirent aux funérailles de Yaakov aucun ne mourut, ne tomba malade ou endura des souffrances durant cette année-là.
Ils eurent le mérite immense de porter le deuil d’un saint tel que Yaakov.
En effet, participer à de telles funéraires (d’un tsadik de la génération) revêt une importance considérable.
[Yalkout Réouvéni – rapporté par le Méam Loez (Vayé’hi 50,11)]

[en participant à l’enterrement d’un grand Sage de notre génération, nous méritons également d’énormes bénédictions.]

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4°/ Quelles sont les 4 personnes qui ont été enterrées dans cette paracha?

La Torah rapporte que Yaakov a été enterré à ‘Hevron (v.50,13).

Le midrach (Pirké déRabbi Eliezer 38) rapporte que Essav a essayé d’empêcher que Yaakov soit enterré dans la Méarat haMakhpéla, et qu’à un moment ‘Houchim ben Dan lui a coupé la tête, qui a roulé dans le caveau et y a été enterrée.

La paracha Vayé’hi se termine par la mort de Yossef (v.50,26), qui selon la quémara (Sotah 13a) son cercueil a été plongé dans le Nil.

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-> « Yossef retourna en Egypte, lui et ses frères, et tous ceux qui étaient montés avec lui pour enterrer son père, après qu’il eut enterré son père » (v.50,14)

=> Que vient nous ajouter : « après qu’il eut enterré son père » ?

Selon le Choul’han Arou’h (Yoré Déa 242,17), si 3 personnes marchent ensemble, la personnes la plus respectable doit être au milieu, la 2e plus respectable doit être à droite, et la 3e à la gauche.

Le Birké Yossef y ajoute que dans le cas où il n’y a 2 personnes marchant ensemble, celui qui est le plus honoré doit marcher à la droite, et l’autre personne à sa gauche.

La guémara (Yérouchalmi Taanit 4,2) rapporte que nos 3 Patriarches sont enterrés de cette manière, avec Avraham au milieu, Its’hak à sa droite, et Yaakov au gauche. Cependant, les Patriarches ne sont pas morts en même temps.
Lorsque Its’hak y a été enterré, ils n’étaient que 2, et ainsi il a été positionné à gauche de Avraham.

Cependant, dans notre paracha suite à la mort de Yaakov, ils étaient 3 personnes
Le Rogatchover Gaon explique qu’on a tout d’abord exhumé Its’hak de sa place, pour le faire passer de la gauche à la droite d’Avraham.
Ce n’est qu’ensuite, qu’ils ont pu enterrer Yaakov dans la parcelle qu’occupait avant Its’hak.
C’est ce que vient nous apprendre la répétition de : « pour enterrer son père, après qu’il eut enterré son père » » = il y a eu 2 enterrement : celui de Its’hak et de Yaakov.

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5°/ Pourquoi bénissons-nous nos enfants d’être spécifiquement à l’image de Efraïm et Ménaché, et pas d’autres tribus?

-> Rabbi ‘Haïm Yossef Kofman rapporte que selon nos commentateurs c’est la 1ere fois depuis la Création du monde, que tous les frères d’une famille s’entendent bien ensemble.
En effet, il y a eu : Caïn et Evel, Its’hak et Ichmaël, Yaakov et Essav, Yossef et ses frères.

Durant toute sa vie, Yaakov a pu se rendre compte des terribles conséquences de la haine et de la jalousie entre frères, et c’est ainsi lorsqu’il a vu l’amour profond et pur entre Efraïm et Ménaché, il a ressenti que c’est la bénédiction ultime que peut utiliser un juif pour ses propres enfants.

D’ailleurs, on peut noter que les noms : « Efraïm Ménaché » (אפרים מנשה) a une guématria de 726, qui est exactement égale à : « שים שלום » (Fais reposer la paix – shim shalom).

-> Yaakov a changé ses mains, en plaçant sa droite sur la tête de Efraïm, à la place de Ménaché qui est l’aîné, au point que Yossef dise : « Pas ainsi, mon père! Puisque celui-ci est l’aîné, mets ta main droite sur sa tête. » (48,18).

Yaakov va quand même mentionner le nom du plus jeûne avant celui de Ménaché, proclamant même : « son jeune frère sera plus grand que lui (l’aîné) » (48,19).

En tant qu’aîné et connaissant l’impact des paroles de Yaakov, Ménaché aurait pu bondir à ce moment, et protester : « Grand-père, ce n’est pas juste! C’est moi qui dois mériter cette bénédiction! Je veux ta main droite sur ma tête! »

Cependant, Ménaché n’a rien dit, et Efraïm ne s’est à aucun moment vanter de sa supériorité.
=> C’est ce type de relation que Yaakov souhaite à chaque famille juif dans le futur, au point qu’au moment de mourir Yaakov nous laisse comme héritage l’idée suivante : la plus grande source de plaisir des parents est de voir ses enfants vivre en paix et en harmonie l’un avec l’autre, à l’image de Efraïm et Ménaché.

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-> Le rav Zalman Sorotskin (Oznaïm laTorah) explique que toutes les autres tribus ont vécu de nombreuses années en terre sainte, dans un
environnement de sainteté, tous ensemble, auprès de Yaakov.
En revanche, Efraïm et Ménaché sont nés et ont évolué en Egypte, dans
ce pays dévoyé/impur, entourés de réchaïm.
L’Egypte symbolise l’exil par excellence. Mais l’assimilation ne les a pas touchés. Malgré tout, ces 2 enfants restèrent fidèles à la tradition de leur père, Yossef, et ne se fondirent pas dans la masse.
Or, nos sages disent qu’à la fin de sa vie, Yaakov vit, par prophétie, la date de la fin des temps, de la fin de l’exil. Quand il vit la longueur de l’exil et du fait que
pendant de très nombreuses années, ses descendants devront vivre en diaspora, dans des pays hostiles à la Torah, il souhaita à tous
ses descendants de ressembler à Efraïm et Menaché.
Même s’ils vivent dans des pays d’exil et d’impureté, il leur souhaita de parvenir malgré tout à conserver leur spécificité, et ne pas s’assimiler.
L’exemple type de celui qui évolue parmi les nations tout en restant fidèle à sa tradition, c’est l’exemple d’Efraïm et Ménaché, l’exemple à suivre pendant toutes les longues années d’exil.

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-> Le ‘Hatam Sofer explique que Efraïm et Menaché ont chacun une particularité.
En effet, nos Sages enseignent que Efraïm était le plus proche de Yaakov, après sa descente en Egypte. C’est lui qui étudiait tout le temps la Torah avec son grand-père. Ainsi, Efraïm symbolise celui qui se consacre à l’étude.
Par contre, Ménaché était plus proche de son père, Yossef, il l’aidait dans la gestion de l’état et s’occupait des richesses de l’Egypte. Ainsi, Ménaché symbolise celui qui s’implique dans le monde, à travers un travail, et qui
s’enrichit.

Yaakov savait que chaque parent souhaite ces deux caractéristiques pour ses enfants : qu’ils réussissent dans la Torah, mais aussi qu’ils réussissent professionnellement et qu’ils aient une bonne situation.
Cependant, l’essentiel de la bénédiction de Yaakov, ce qu’il voulait que chaque père transmette à ses descendants, c’est qu’il « place Efraïm avant Ménaché. » Certes, chaque père souhaite la orah et la richesse à ses enfants, mais l’essentiel, c’est que son ambition soit qu’en priorité, ses enfants soient des grands en Torah.
=> La richesse oui, pourquoi pas, mais la Torah c’est la priorité : Efraïm avant Ménaché!

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-> Le Rav Chlomo Bloch se rapporte à un principe selon lequel il existe une descente dans les générations (yérida adorot).
Plus les générations passent et plus la grandeur spirituelle diminue. La 2e génération étant moins grande spirituellement que la première.
Malgré tout, 2 personnes ont échappé à cette règle : ce sont Efraïm et Ménaché. En effet, Yaakov dit à leur propos : « Efraïm et Ménaché seront pour moi comme Réouven et Chimon » = c’est-à-dire que bien que Efraïm et Ménaché appartiennent à la génération suivante, par rapport aux tribus, malgré tout Yaakov les élève et les place au niveau des tribus, comme Réouven et Chimon, comme s’ils appartiennent à la génération précédente, puisqu’ils n’ont pas subi la diminution des générations.

=> C’est cela que chaque parent souhaite à ses enfants. Chaque père souhaite que son fils soit au moins aussi grand que lui, voire même plus.
Un parent désire profondément que ses enfants échappent à la règle de la diminution des générations et que tout au moins, ils l’égalent, et ce à l’image d’Efraïm et Ménaché.

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-> Le Ohr ha’Haïm haKadoch dit que Yaakov bénit Efraïm et Ménaché de tellement de bénédictions au point qu’il ne puisse y avoir de bénédictions supplémentaires.
=> Par conséquent, chaque parent qui souhaite toutes les bénédictions pour ses enfants, voudra les bénir à l’image de Efraïm et Ménaché, qui ont été bénis de toutes les bénédictions possibles.

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=> Pourquoi Yaakov a-t-il béni le plus jeune Efraïm avant son frère Ménaché?

-> Yossef avait épousé Osnat qui était la fille de Dina et du prince de Chékhem.
Osnat avait donc une moitié de sainteté (kédoucha) du côté de sa mère Dina, fille de Léa, et une moitié d’anti-sainteté du côté de son père.
Ménaché, le fils aîné de Yossef (totalement kadoch) et de Osnat, a pris du côté de sa mère sa moitié d’anti-sainteté et du côté de son père Yossef la moitié de sa sainteté.
Quant à son frère Efraïm, il a pris de sa mère Osnat la moitié de sainteté dont elle avait hérité et de son père Yossef l’autre moitié de sainteté.
Ainsi, contrairement à son frère aîné Ménaché, Efraïm était totalement saint (kadoch).

C’est pourquoi, lorsque Yossef amena ses 2 fils Ménaché et Efraïm auprès de son père Yaakov pour les bénir, en plaçant l’aîné Ménaché à la droite (en position prioritaire) de Yaakov, ce dernier permuta ses mains en posant sa main droite sur la tête d’Efraïm, le fils qu’il savait plus kadoch (saint) que son aîné.
De plus, c’est pour cette même raison que seule la moitié de la tribu de Ménaché est entrée en terre d’Israël et l’autre moitié est demeurée de l’autre côté du Jourdain ; par contre toute la tribu d’Efraïm a eu le mérite d’entrer en terre d’Israël.
[Ben Ich ‘Haï]

« Yaakov vécut dans le pays d’Egypte 17 années ; et les jours de Yaakov, les années de sa vie, furent de 147 ans » (Vayé’hi 47,28)

-> La paracha de Vayé’hi a la particularité d’être fermée (stouma), c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’espace entre la fin de la précédente et le début de celle-ci.

Rachi apporte 2 explications :
– c’est parce qu’elle contient le récit de la mort de Yaakov, laquelle a marqué le début de la souffrance de l’esclavage, et donc de la « fermeture » des yeux et des cœurs d’Israël.
– Yaakov voulait livrer à ses fils le secret de la fin des temps (cf.Rachi 49,1), mais sa vision a été « fermée ».

La fin de Vayigach est : « Israël (Yaakov) s’établit dans le pays d’Egypte … fructifièrent et se multiplièrent prodigieusement », et le début de Vayé’hi enchaîne tout de suite par : « Yaakov vécut dans le pays d’Egypte 17 années ».
=> Que vient nous enseigner le fait qu’il n’y a pas d’espace entre ces 2 parachiot (Vayigach et Vayé’hi)?

-> Selon le Kli Yakar, cela nous informe que les juifs vécurent confortablement, agréablement, en Egypte uniquement pendant le temps de la vie de Yaakov..
A partir de sa mort, la servitude des juifs a commencé.

[Par exemple, la mort de Yaakov a entraîné que Yossef ne pouvait plus s’adresser directement à Pharaon, devant passer par ses conseillers]

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-> On constate un passage entre le nom : « Israël » (fin Vayigach) à « Yaakov » (début Vay’hi).

Selon le Gaon de Vilna, lorsque les juifs font la volonté de Hachem, alors ils sont appelés : Israël.
S’ils ne suivent pas Sa volonté, on fait référence à eux sous le nom : Yaakov.

Le Béer Moché enseigne qu’en commençant notre exil par : « Yaakov vécut », le message est qu’au fond de chaque juif, même s’il descend au plus bas niveau, s’écartant au maximum de D., il y aura toujours une étincelle Divine en lui qui vit (vayé’hi).

=> La paracha est fermée pour nous enseigner que collectivement et individuellement, lorsque nous descendons d’un niveau élevé (Israël) à un niveau spirituel très bas (Yaakov), il y aura toujours du divin qui nous accompagnera.
Rien ne pourra enlever cette partie de D., qui nous aide, qui nous aime, …
Un juif n’est jamais seul, car Hachem l’accompagne, le soutient absolument tout le temps (en tout lieu, en toute situation, …).

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+ On a vu que selon Rachi : Yaakov voulait livrer à ses fils le secret de la fin des temps (cf.Rachi 49,1), mais sa vision a été « fermée ».

-> Nos Sages font remarquer que le mot : kéts (fin – קץ) évoquant la fin des temps, a une guématria de 190.
Or, l’exil annoncé à Avraham a été déterminé pour une durée de 400 ans, lors de l’alliance entre les morceaux (paracha Lé’h Lé’ha). Cependant, au final l’exil a duré 210 ans, soit 190 ans de moins que ce qui avait été prévu.

=> Yaakov voulait dévoiler le kéts (190 = קץ), c’est-à-dire qu’il voulait leur communiquer cette information, que l’exil allait duré 190 ans de moins que ce qui avait été prévu.

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-> Selon le Maharil Diskin, cela signifie que même en Egypte Yaakov a vécu totalement avec la présence Divine, comme Hachem lui avait dit : « Je descendrai avec toi en Egypte » (Vayigach 46,4).

-> Cette paracha est « fermée » car la vraie vie est celle du monde à venir.
Le nom : Yaakov (יעקב) a la même guématria que : « la vie dans le monde à venir » (ayé olam aba – חיי עולם הבא).

Yaakov a fermé les yeux pour ne pas observer la vie en fonction de ce que l’on voit naturellement, mais plutôt en étant déjà dans le monde à venir, avec les véritables priorités afférentes.
[adaptation du Sifté Cohen]

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-> Rabbi Tsadok haCohen explique que la descente en Egypte, marquant le début de l’exil, est fermée, car cela renvoie au fait que cela engendre chez nous beaucoup de questions dont la réponse est au-delà de nos capacités de compréhension humaines.

Par exemple : Quelle est la nécessité d’aller en Egypte, pays rempli d’impureté? Pourquoi y subir des horreurs dans le but de recevoir la Torah? Pourquoi la Torah n’a-t-elle pas été donnée en Israël?

Rachi au début du livre de Vayikra explique que la raison des espaces dans la Torah est afin de pouvoir réfléchir au passage précédent.
Ici, il n’y a pas d’espace car la compréhension nous est impossible, nous devons simplement aller de l’avant, persuadés que Hachem gère au mieux, que tout est finalement pour notre meilleur.

[ => c’est un vrai secret que Yaakov nous transmet : dans les difficultés de l’exil, parfois il faut accepter notre petitesse, et se reposer sur l’infinie grandeur de papa Hachem!
Parfois, il faut arrêter de trop réfléchir, trop s’interroger, mais plutôt fermer les yeux (comme dans le Shéma), et avancer plein de confiance en notre papa Hachem, qui est l’Unique (é’had)!]

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-> Le Zohar dit que Adam a donné 70 ans de sa vie pour permettre au roi David d’exister.
Avraham, Yaakov et Yossef étaient des réincarnations de l’âme de Adam, et ils ont également donné 70 ans à David.

Its’hak n’étant pas une réincarnation de Adam, il n’a rien donné à David, et c’est pour cela qu’il a vécu le plus longtemps des Patriarches, au terme des 180 années qui avaient été prévues pour lui.

– Avraham a vécu 175 ans, et il a donné 5 ans à David ;
– Yaakov devait vivre jusqu’à l’âge de Avraham (175), mais a vécu en réalité 147, donnant 28 années à David. (comme l’affirme le Zohar Vayichla’h) ;
– Yossef devait vivre jusqu’à l’âge de Yaakov soit 147, mais il est mort à 110 ans, donnant ainsi 37 ans à David.
[ainsi : 5+28+37 = les 70 années de la vie du roi David]
[Ets Adaat aTov]

=> La paracha est fermée, comme pour nous rappeler que Yaakov a lui même fermé une partie de sa vie avant le terme qu’il aurait dû atteindre, pour permettre au roi David de vivre.

« Israël (Yaacov) se prosterna à la tête du lit » (Vayé’hi 47,31)

-> Rachi : Il s’est tourné vers la chekhina, d’où l’on apprend que la présence divine se trouve au-dessus de la tête d’un malade.

-> Une raison à cela est que le malade n’a plus la force de se repentir par des actes et de corriger ses actions.
En raison de son état où il risque de quitter ce monde et qu’il va devoir rendre des comptes devant Hachem, il a certainement des pensées de regret et de repentir sur ses mauvaises actions.
C’est pourquoi, la présence Divine se trouve au-dessus de sa tête, car c’est dans sa tête que traversent toutes ces pensées de repentir.

[rav Yonathan Eibschutz]

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-> Rachi explique que par ce geste (se prosterner), Yaakov voulait remercier Hachem que son fils Yossef soit un tsadik, malgré le fait qu’il ait été captif en Egypte.

=> Mais, qui lui prouverait qu’il restera toujours tsadik et qu’il ne trébuchera pas par la suite?

Nos Sages (guémara Yoma 38b) enseignent qu’un homme qui n’a pas fauté la majorité de sa vie, ne fautera plus.
Yossef vécut 110 ans. Or, la Torah affirme qu’il avait 30 ans quand il régna sur l’Egypte.
Si on y ajoute les 7 années d’abondance, les 2 années de famine (jusqu’à ce qu’il retrouve sa famille) et les 17 ans que son père vécut auprès de lui en Egypte (jusqu’au jour de sa mort), cela lui donne 56 ans lorsque son père mourut (30+7+2+17=56).

Or 56 ans, c’est justement la majorité de sa vie (qui fut de 110 ans), et puisqu’il n’a pas fauté la majorité de sa vie, cela indique donc qu’il ne fautera plus.
=> Son père put donc, sous inspiration, remercier Hachem que son fils soit un tsadik et l’ait été la majorité de son existence, et aussi qu’il le restera donc toute sa vie.

[Messe’h ‘Hokhma]

« [Yaakov dit à Yossef: ] D. Qui m’assiste depuis mes débuts (méodi – מֵעוֹדִי) et jusqu’à ce jour (ayom azé – הַיּוֹם הַזֶּה)«  (Vayé’hi 48,15)

-> Il y a 2 périodes dans la vie de Yaakov : ses 130 années douloureuses avant de venir en Egypte, et 17 années agréables dans cette terre (une fois réuni avec tous ses enfants).
La guématria de : méodi (מֵעוֹדִי) est de 130, et celle de : azé (הַזֶּה) est de 17.

« Acher, son pain est bien gras » (Vayé’hi 49,20)

-> Nos Sages enseignent que Acher fils de Yaakov se tient aux portes de l’enfer et ne laisse pas y entrer quiconque s’est consacré à l’étude de la michna (compilation de la loi orale).

C’est pourquoi, le verset dit que le pain de Acher est « gras » (chéména – שמנה), terme qui est composé des même lettres que « michna » (משנה).
En effet, Acher protège ceux qui se sont consacrés à la michna.
De plus, le verset parle du pain de Acher qui est gras, allusion à la recommandation du Maguid (ange) qui a enjoint à rabbi Yossef Caro d’étudier un chapitre de michna avant de prendre son repas et de manger son pain.

[Rabbi Its’hak Faladji – Yafé Lélev]

« Pardonne, de grâce, le péché de tes frères et leur faute, car ils t’ont rendu du mal » (Vayé’hi 50,17)

-> Les termes « Pardonne, de grâce » se disent dans le Texte : « sha na » (שא נא), expression composée des initiales des 4 formes figurant sur le Char Céleste (la merkava), comme le décrivit le prophète Yé’hezkel.
Ces 4 figures sont : le taureau (שור), le lion (אריה), l’aigle (נשר) et l’homme (אדם).

Or, le taureau est le symbole de Yossef, comme dans le verset : « C’est l’aîné de son taureau ».
=> Les frères veulent signifier ici à Yossef que c’est uniquement s’il leur pardonne qu’il méritera de voir son représentant, à savoir le taureau, sur le Char Céleste. Mais s’il ne leur pardonne pas, alors quelqu’un qui aura gardé rancune ne pourra pas avoir le mérite de se voir représenter sur le Char Céleste.

Ainsi, l’allusion est la suivante : « Pardonne de grâce » (שא נא), car c’est seulement dans ce cas qu’apparaîtront sur le Char, les 4 formes en allusion justement par les initiales de ces mots (שא נא).
Mais si tu ne pardonnes pas, alors il manquera une figure parmi les 4, à savoir celle du taureau, qui fait allusion à Yossef.

[Rabbi Chimchon d’Ostropoli]

« Zévouloun occupera le littoral des mers ; il offrira des ports aux vaisseaux » (Vayé’hi 49,13)

-> Selon nos Sages (Sifrei 33,19), résidant sur le littoral, Zévouloun avait la particularité d’entretenir des relations commerciales avec les autres nations par le biais de ses ports.
Son attitude va entraîner que les marchands étrangers vont vouloir visiter la terre d’Israël, en se rendant entre autre à Jérusalem, afin d’y apprendre davantage sur les juifs.
Il en résulta que ces marchands vont devenir si impressionnés de ce qu’ils vont y voir, qu’ils vont quitter leur religion païenne et se convertir au judaïsme.

=> Ainsi, la tribu de Zévouloun grâce à son comportement exemplaire dans ses relations commerciales avec les non-juifs, va générer des impressions très positives sur la religion juive, entraînant au final un kidouch Hachem très nombreux.

-> Le rav Matisyahou Salomon dit que de nos jours nous devons créer un kidouch Hachem dans nos affaires économiques avec les non-juifs, leur permettant ainsi d’avoir un bel aperçu de ce qu’est être juif.

Rabbi ‘Haïm Mordé’haï Katz enseignait à ses élèves quittant la yéchiva pour aller travailler : « Vous devez avoir une préoccupation au-dessus de toute autre : sanctifier le Nom de Hachem. Souvenez-vous que chaque chose que vous faites est soit un kiddouch Hachem, soit un ‘hiloul Hachem. Faites le maximum pour choisir correctement! »

=> La tribu de Zévouloun nous sensibilise à l’importance de représenter au mieux Hachem, sans nous laisser aveugler par l’argent, nos perspectives futures, l’honneur, …

Paracha Vayé’hi & ‘Hayé Sarah

+ Paracha Vayé’hi & ‘Hayé Sarah :

->  » ‘Hayé Sarah et Vayé’hi, sont les noms de parachiot, décrivant les morts de Sarah et de Yaakov.

– Le 1er mot de ‘Hayé Sarah est : « vayiyou » (וַיִּהְיוּ ), d’une guématria de 37, insinuant que ses seules années véritablement heureuses étaient les 37 années qui ont suivi la naissance de son fils ‘Its’hak (jusqu’à ce qu’elle décède).

– Yaakov a eu 34 années pleinement heureuses : 17 années entre la naissance et la disparition de Yossef ; et 17 autres années où toutes la famille a été réunie à Goshen (en Egypte).
La guématria de : « Vayé’hi » (וַיְחִי) est de : 34, qui correspondent aux années où il a pu être ensemble avec son fils Yossef, soit durant 34 ans. »

[Rav ‘Haïm Yossef Kofman – Ma’hchévet haLev]

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Comment comprendre que :
– Vayé’hi signifie : « Yaakov vécut », et traite de la mort de Yaakov ;
– ‘Hayé Sarah signifie : « la vie de Sarah » et commence par la mort de Sarah.

-> Le rav Zalman Sorotzkin (Oznaïm laTorah) suggère que cela nous apprend que la véritable vie n’est pas celle dans ce monde-ci, mais plutôt, celle qui démarre après que l’âme quitte le corps et entre dans le monde à venir.
Ainsi, Sarah et Yaakov sont morts dans ce monde, et ils ont alors pu commencer leur véritable vie.

[Ce monde n’est qu’un bref lieu de passage vers notre endroit de vie éternelle, comme il est écrit (Pirké Avot 4,16) : « Ce monde ressemble à un vestibule devant le monde à venir [éternel]. Prépares-toi dans le vestibule [en accomplissant des bonnes actions, des mitsvot dans ce monde] pour entrer dans le palais. » ]

« Efraïm et Ménaché, comme Réouven et Chimon seront à moi » (Vayé’hi 48,5)

-> Le ‘Hida (Rabbi ‘Haïm Yossef David Azoulaï) enseigne à ce sujet :

« De nombreuses personnes comparent les valeurs numériques de 2 choses, et assez souvent ils ont un écart de 1. Cependant, nous disons que les 2 sont comparables, puisque nous ajoutons le kollel (possibilité d’ajouter un pour le mot lui-même).

Nous trouvons ici une allusion :
– la guématria de : « Efraïm et Ménaché » (אֶפְרַיִם וּמְנַשֶּׁה) est de 732 ;
– la guématria de : « Réouven et Chimon » (רְאוּבֵן וְשִׁמְעוֹן) est de 731.

Bien qu’en apparence, il y a une différence d’une unité, « ils seront à moi » (יִהְיוּ-לִי) = Yaakov montre qu’ils sont les mêmes pour lui. »

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-> Le Méam Loez (Vayé’hi 48,5) rapporte que Yaakov a dit à Yossef :
« Efraïm et Ménaché seront comptés comme mes propres fils et chacun recevra une part de la terre de Canaan.

Je désire encore te révéler un autre secret important, mon fils.
Les pensées qu’un couple nourrit lors des relations conjugales peuvent influencer la nature de l’âme transmise à l’enfant conçu à ce moment.
A l’instant précis des relations, une âme descend pour l’enfant, et se tient près de la tête de chaque parent.
Si on bénéficie d’un mérite particulier, on peut voir effectivement cette âme.

J’étais censé engendrer 14 fils. Efraïm et Ménaché devaient être mes fils, conçus par Bil’a comme des jumeaux.
Mais à cause d’un péché mineur commis par Réouven, qui avait déplacé mon lit de la tente de Bil’a à celle de Léa, ces âmes ne descendirent pas lorsque je connus Bil’a.
La Providence Divine décréta que ces âmes demeureraient dans les cieux jusqu’au jour où tu épousas Asnath. Elles furent alors engendrées par toi.

C’est pourquoi je peux dire que tes fils sont pareils à Chimon et Réouven. Ils sont véritablement mes enfants, puisqu’ils devaient être engendrés par moi. »