« Cette mitsva que Je vous ordonne … n’est pas trop difficile pour toi, et elle n’est pas loin de toi : elle n’est pas dans le Ciel pour dire : qui montera pour nous la prendre au Ciel » (Nitsavim 30,11-12)
-> Le Ramban dit qu’il s’agit de la mitsva de la téchouva.
-> Rabbi ‘Haïm de Volozhin enseigne :
– « elle n’est pas dans le Ciel » = bien que le pécheur ait commis une offense en haut dans le Ciel, et que par conséquent, selon la justice le repentir devrait être inutile, à moins qu’il ne monte au Ciel pour réparer ce qu’il a détérioré, malgré tout : « elle n’est pas dans le Ciel », et il n’est point besoin de monter au Ciel, le repentir en ce monde-ci suffit.
– « elle n’est pas au-delà de la mer » = tu n’as pas besoin de te repentir à l’endroit précis où le dommage a été commis.
– « car la chose est très proche de toi, dans ta bouche et dans ton cœur pour la faire ».
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+ « Elle (la Torah) n’est pas dans le Ciel … car la chose est proche de toi »
=> Pourquoi la Torah a-t-elle besoin d’introduire que la Torah n’est pas dans le Ciel, pour en venir à dire qu’elle est proche?
-> Rachi (rapportant la guémara Erouvin 55a) explique que certes la Torah n’est pas dans le Ciel, mais si elle y était, tu aurais dû monter dans le ciel pour la chercher.
Ainsi, il faut comprendre que quand quelqu’un étudie la Torah avec tant d’efforts qu’il serait même prêt à monter dans le ciel pour aller la chercher si elle s’y trouvait, une telle personne finira par se rendre compte qu’en réalité, la Torah est très proche.
=> Pour prendre conscience que la Torah est vraiment proche de soi, il faut être prêt à y investir le maximum de nos efforts possibles.
[‘Hidouché haRim]
[La Torah nous est tellement indispensable pour que soyons vivants dans ce monde et celui à venir (à l’image de l’air que nous respirons!), que nous devons nous efforcer de l’acquérir par tous les moyens, et ce même s’il avait fallu monter jusq’aux cieux, nous n’aurions d’autre choix que d’aller l’y chercher.]
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-> « Elle (la Torah) n’est pas dans le Ciel … elle n’est pas non plus de l’autre côté de la mer » (Nitsavim 30,12-13)
-> Le Méam Loez rapporte les paroles de nos Sages (guémara Erouvin 55a) :
– « elle n’est pas dans le Ciel » = tu ne trouveras pas la Torah chez celui dont l’esprit s’enorgueillit jusqu’au cieux ;
– « elle n’est pas au-delà de la mer » = ni chez celui qui considère ses connaissances aussi vastes que la mer.
[ -> « Tu ne trouveras pas de Torah chez les orgueilleux » (guémara Erouvin 55a)]
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-> Le fait qu’il soit écrit : « la Torah n’est pas dans les Cieux » (Nitsavim 30,12), signifie que depuis le don de la Torah, c’est à la majorité [des Sages] de trancher la loi, et non aux prodiges de la nature.
Par exemple dans la guémara (Baba Métsia 59b), Eliyahou haNavi rapporte que lorsque nos Sages fixent une loi avec un avis différent de celui du Ciel, alors la réaction de Hachem est la suivante : « Il riait en disant : Mes fils M’ont vaincu! Mes fils M’ont vaincu! »
[cf. b’h, plus de détails : https://todahm.com/2018/10/10/7187 ]
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-> Hachem pardonne même si nous nous trompons par erreur ou délibérément dans notre fixation du jour de Yom Kippour.
Par exemple, si le beit Din a sanctifié le mois correctement, mais certains pays éloignés se sont trompés sur la date de Kippour, Hachem leur pardonne tout de même leurs fautes.
[ou bien lorsque le beit Din rajoute délibérément un jour au mois pour diverses raisons]
Le ‘Hatam Sofer enseigne :
« La mitsva de téchouva n’est pas au-delà des mers (ceux qui se trompent sur la date parce qu’ils habitent au-delà des mers), et pas non plus dans le Ciel (les constellations ne sont pas en harmonie avec la date réelle au Ciel), mais dans ta bouche (il s’agit du beit Din qui fixe le jour du début du mois) et dans ton cœur (ce sont ceux qui voyagent dans des endroits éloignés, qui se trompent et font Yom Kippour un jour qui n’est pas le vrai). »
[Hachem laisse aux hommes la possibilité de définir la date des fêtes en fonction de la décision du beit Din, qui se base sur le témoignage de témoins ayant vus la nouvelle lune. Même s’il y a une erreur, pour D. la bonne date est celle fixée en ce monde par les juifs!]
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+ Rav Avdimi bar ‘Hama bar Dossa dit : comment interpréter le verset : « Elle (la Torah) n’est pas dans le Ciel … elle n’est pas au-delà des mers » (Nitsavim 30,12-13)?
Si la Torah était dans le Ciel tu serais obligé d’y monter pour l’atteindre!
Si elle était de l’autre côté de la mer, tu serais obligé de traverser la mer pour l’atteindre.
[guémara Erouvin 55a]
-> Ne crois pas que cette Torah te soit inaccessible et qu’il te soit impossible de comprendre les détails et les précisions de la Torah en raison de la profondeur de ses concepts.
[Haémek Davar]
-> Le Ben Ich ‘Haï commente :
Une braïta enseigne qu’un très grand nombre de halakhot et de raisonnements de Torah furent oubliés pendant les 30 jours de deuil qui ont suivi la mort de Moché.
Ces lois et ces raisonnements n’étaient alors connus par aucun homme sur terre, et seuls les être célestes les connaissaient (« la Torah est au Ciel »).
Cependant, par son analyse et dialectique (pilpoul), Othniel ben Kénaz a pu retrouver ces éléments oubliés.
Ainsi, si des interprétations de Torah et des halakhot se trouvent être seulement au Ciel une fois, car elles ont été oubliés sur terre, nous avons l’obligation de « monter au Ciel » pour les atteindre, c’est-à-dire de les rechercher et les retrouver par un pilpoul et une étude approfondie des Textes, comme l’avait fait Othniel ben Kénaz.
-> Rachi (guémara Erouvin 55a) dit que si la Torah était au Ciel alors nous aurions l’obligation de faire toutes sortes d’efforts, quitte à se déplacer très loin (« jusqu’au Ciel ») s’il le faut pour acquérir la Torah, et à se déranger et se donner de la peine pour elle sans limite.
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-> « La Torah n’est pas dans les cieux » = ta progression spirituelle ne dépend que de ta volonté : si tu désires te purifier et t’élever, alors Hachem t’aidera et tu réussiras avec tes propres forces enfouies en toi quels que soient les maîtres de ta génération.
[rabbi Méïr Roubman]
[on a tendance à justifier ses manques par le fait de ne pas trouver de maître au niveau de Moché ou autre tsadik, pour nous guider et assurer notre réussite spirituelle.
Si nous avions des conditions idéales/parfaites de vie alors nous réussirions … ainsi, n’attends pas que la Torah soit au Ciel = que tout soit comme tu le souhaites, mais commence dès maintenant à l’étudier du mieux que tu peux!
« Si tu désires te purifier et t’élever, alors Hachem t’aidera » = l’envie de Torah doit venir d’en bas (de notre cœur!), pour qu’ensuite une aide d’en Haut vienne!
Mais si pour toi, la Torah est au Cieux, que tu ne fais pas ce 1er pas/effort, alors tu ne bénéficiras pas de cette aide Divine!]
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-> « Qui montera pour nous au Ciel (nous la chercher) » (מִי יַעֲלֶה לָּנוּ הַשָּׁמַיְמָה – Nitsavim 30,12) est formée de 4 mots dont les 4 lettres initiales : forment le mot : mila (circoncision – מילה) et les 4 lettres finales forment le Nom Divin : יהוה.
Il y a ici une double allusion :
– seul le respect du commandement de la circoncision permet au peuple d’Israël circoncis d’être réceptif à la révélation Divine et d’être prédisposé à une vie empreinte de moralité ; ainsi la compréhension de la Torah est subordonnée à la circoncision qui permet un attachement à Hachem, comme Onkelos l’avait dit à son oncle, l’empereur Adrien.
– la sanctification par la circoncision nous donne le moyen de nous élever (« de monter ») et d’accéder au plus haut sommet spirituel (« jusqu’au Ciel »).
[rabbénou Bé’hayé]
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-> « Si la Torah est au-delà de la mer » = signifie que si ton maître (ton rav) se trouve de l’autre côté de la mer, tu as l’obligation de te déranger et de te déplacer pour rejoindre ton rav, afin d’apprendre de lui la sagesse de la Torah.
[Chéélot déRav A’haï]
[d’ailleurs, c’est ainsi que rav Dimi se déplaçait souvent depuis le territoire de Bavél vers la terre d’Israël pour y rencontrer son maître rabbi Yo’hanan et y puiser des enseignements de Torah qu’il rapportait ensuite auprès des sages de Bavél.]
-> « Si la Torah est au-delà de la mer », le Ben Ich ‘Haï enseigne :
Dans le cas où où les halakhot ont été totalement oubliées par les gens de la région où tu résides, mais que certains sages qui habitent très loin, même au-delà des mers connaissent ces lois, tu as le devoir de te déplacer auprès d’eux pour apprendre ces lois oubliées.
Ne dis pas : « Pourquoi devrais-je me déranger si loin? J’attendrai jusqu’à ce que l’un des sages vienne un jour dans ma région et j’apprendrai de lui », mais traverse les océans pour accéder à ces informations oubliées.
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+ Selon Rava : « Elle n’est pas dans le Ciel » = signifie que tu ne trouveras pas la Torah chez celui (orgueilleux) dont le prétentions sont hautes comme le Ciel ; « elle n’est pas au-delà des mers » = signifie tu ne trouveras pas la Torah chez celui qui est orgueilleux comme la mer.
[guémara Erouvin 55a]
-> Le bord de la mer, limité par le sable, est peu profond par rapport à l’intérieur de la mer très profond.
Les masses d’eau importantes au cœur de la mer auraient pu déverser sur la terre si ce n’est qu’Hachem a fixé une limite infranchissable au bord de la mer.
A l’image de la mer, un homme orgueilleux, désigné par rabbi Yo’hanan, est celui qui a l’esprit hautain dans son cœur, intérieurement, mais se présente extérieurement par ses paroles comme humble et modeste.
[comme la mer, extérieurement il est plat (humble), mais intérieurement il a une profondeur énorme (un grand égo) ; à la différence d’un humble qui n’a que très peu de profondeur (égo).]
Chez un tel homme, la Torah ne peut pas se maintenir, car son humilité n’est qu’apparente.
[Ben Ich ‘Haï]
-> Le Maharcha enseigne que l’orgueil est un obstacle à l’acquisition de la Torah.
A part l’orgueilleux classique, Rava distingue 2 autres catégories d’orgueilleux :
– celui qui pense étudier seul, en autodidacte, sans passer par l’enseignement d’un maître : il pense que son esprit est suffisamment élevé (comme le Ciel) et qu’il n’a donc pas besoin d’un rav.
– celui qui même s’il étudie avec un rav, pense que l’enseignement reçu une seule fois est largement suffisant et qu’il n’a pas besoin de révisions.
[à l’image de celui qui voit la mer extérieurement se disant que la profondeur est partout identique, alors qu’en réalité, en avançant on s’enfonce davantage!]
-> Le Rif donne une autre explication :
– celui qui est prétentieux au sujet de l’étude de la Torah.
Il se dit : « il ne convient pas à un homme de mon niveau de m’investir dans l’étude littérale (pchat) de la Torah, mais seulement dans l’étude ésotérique (sod). »
Ce niveau d’orgueil correspond à : « elle n’est pas dans le Ciel », car il a des prétentions spirituelles qui ne se trouvent qu’au Ciel.
– celui qui est orgueilleux envers son prochain, et non pas envers les domaines et les sujets d’étude de la Torah.
[la mer est constituée d’eau, or : « L’eau ne fait référence qu’à la Torah »
(guémara Avoda Zara 5b)
Ainsi : « elle n’est pas au-delà des mers » = arrête de te focaliser avec orgueil sur ce qui n’est pas la Torah (les autres), ce qui est au-delà de la mer! Mais plutôt, développe cette jalousie/orgueil positive dans le cadre de la Torah (mer).]
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« Car cette mitsva que Je te prescris en ce jour, elle n’est pas cachée de toi ni placée trop loin … elle n’est pas dans le ciel … car la chose est très proche de toi : dans ta bouche et dans ton cœur pour être accomplie. » (Nitsavim 30,11-14)
-> Le rav Yéhouda Leib ‘Hassman (Ohr Yahel) rappelle le grand principe selon lequel l’homme est composé de 2 forces opposées : le spirituel et le matériel, comme le dit le verset (Béréchit 2,7) : « Hachem, le D., forma l’homme poussière de la terre, insuffla dans ses narines un souffle de vie, et l’homme devint un être vivant ».
Ainsi, si l’homme fait dominer son esprit (issu du Trône Divin), sa compréhension dépassera même celle des anges.
En revanche, s’il laisse la matérialité prendre le dessus, il s’abaissera au niveau de l’animal.
Et effectivement, la distance entre ces 2 notions correspond à celle qui existe entre le ciel et la terre.
C’est le sens des versets de notre paracha : si l’homme fait dominer la spiritualité, cette mitsva se fixera dans son cœur et dans sa bouche, et il verra clairement devant lui, le chemin de la vie.
Dans le cas contraire, la mitsva restera réellement, hors d’atteinte, dans le ciel.