« Quand vous irez en guerre dans votre terre contre l’ennemi qui vous oppresse » (Béaaloté’ha 10,9)

-> Dans le texte, il est écrit : « vékhi tavo’ou mil’hama » (וְכִי תָבֹאוּ מִלְחָמָה), alors qu’il serait grammaticalement plus correct d’y être écrit : « vé’hi tavo lamil’hama »(וְכִי תָבֹאוּ למִלְחָמָה).
Le laméd (ל) manquant représente le manque de « limoud » : l’étude de la Torah.

Hachem a promis qu’il n’y aurait pas de guerre en terre d’Israël tant que les juifs étudient la Torah et suivent Sa volonté.
Cependant, une négligence dans l’étude de la Torah amène à la guerre.
[le Bné Yissa’har – Igra déKalla]

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-> On peut éventuellement le comprendre de façon allusive (l’ennemi = notre yétser ara) : http://todahm.com/2020/07/21/la-torah-est-comparee-a-un-elixir-de-vie

« Quand tu feras monter les bougies » (Béaaloté’ha 8,2)

Rachi explique que la Torah utilise l’expression de « tu feras monter » pour parler de l’allumage de la Ménora pour 2 raisons :
1°/ pour indiquer qu’il faut allumer chaque bougie jusqu’à ce que la flamme « monte » d’elle-même et n’a plus besoin de celui qui l’allume pour briller ;
2°/ pour nous apprendre qu’il faut placer une marche devant la Ménora sur laquelle on « montera » pour allumer.

=> Quel est le lien entre ces 2 points ?

La Ménora symbolise la lumière de la Torah. Ainsi, l’allumage fait référence à l’enseignement de la Thora.
Le message de ce passage est que le maître doit mener ses élèves vers l’autonomie dans l’étude : les éclairer et leur transmettre jusqu’à ce qu’ils « montent d’eux-mêmes » et n’aient plus besoin de leur maître.

La Ménora mesurait 3 coudées, soit moins de 1m50. Ainsi, même sans cette marche on pouvait atteindre les lampes. Quelle est donc l’utilité de la marche?

C’est que la Torah souhaite que l’on puisse bien examiner et observer chaque lampe pour bien la nettoyer et l’allumer, et pour cela, il fallait monter sur la marche.
De même, le maître devait avoir son enseignement tellement clair et limpide, le maîtriser parfaitement comme s’il le voyait de haut, de « sur une marche ».
Seulement avec une telle clarté et une telle maîtrise de sa Torah, il pouvait permettre à ses disciples d’acquérir une vraie autonomie.

[rabbi Moché Feinstein – Darach Moché]

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+ « Ceci est l’ouvrage de la Ménora en or battu » (Béaaloté’ha 8,4)

Le terme : « mikcha » (battu – מקשה) signifie que la Ménora était faite d’une seule pièce que l’on a battu. Mais le midrach le rapproche de : « kaché » (קשה), signifiant difficile, car Moché avait du mal à la fabriquer jusqu’à ce qu’Hachem lui montre une Ménora en feu.

On peut expliquer ce midrach en comparant le corps de la Ménora au Maître, qui enseigne la Torah à ses élèves, représentés par les branches de la Ménora qu’il doit allumer et éclairer par son enseignement.

Cependant la Torah dit que toute la Ménora devait être faite d’une seule pièce, allusion au fait que les élèves doivent avoir la même motivation que le Maître, ce qui n’est pas souvent le cas. C’est ce que Moché trouvait difficile (kaché).
=> Comment obtenir ce résultat?

Hachem lui montra une Ménora en feu, symbolisant l’enthousiasme et l’ardeur.
Par cela, il lui expliqua que si le Maître enseigne à ses élèves avec amour et enthousiasme, alors il pourra obtenir l’attention de ses disciples qui aimeront de cette façon eux-aussi la Sagesse tout autant que le Maître.

[le Imré Fi]

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-> En fabriquant la Ménora, Moché devait concevoir un objet si saint qu’il pourrait faire rayonner la lumière de la volonté au sein de tout Israël. Ainsi, chaque juif, dans toutes les situations de sa vie qu’il traversera, dans tous les ténèbres qu’il vivra, pourra se renforcer par la force de la volonté pour être éclairé et pouvoir surmonter toutes les épreuves. Et il est clair que concevoir un tel ustensile si merveilleux est une affaire très difficile. [d’où la nécessité que D. l’aide]
[…]

Pour faire briller la force de la volonté, la Ménora devait être composée d’éléments qui faisaient allusion à des réparations spirituelles extraordinaires.
En effet, elle contenait 7 branches, 11 boutons, 9 fleurs et 22 coupes, soient un total de 49 éléments auxquels s’associait le corps même de la Ménora réunissant le tout d’une seule pièce, pour obtenir le nombre de 50.
Or, nos Sages enseignent qu’Hachem a créé 50 portes de compréhension.

De son vivant, Moché en a atteint 49. La 50e ne lui fut dévoilée qu’à sa mort.
Le Zohar explique que Moché s’éleva de ce monde (à sa mort) dans un niveau appelé : « volonté des volontés ». Cette dimension correspond à la 50e porte qu’il atteint justement à sa mort.
C’est pourquoi, par ses 50 éléments, la Ménora relève de ce 50e niveau (le plus élevé), appelé « volonté des volontés ». Elle pourra ainsi introduire la force de la volonté dans le cœur de chaque juif pour l’éclairer dans tous les moments d’obscurité.

=> Puisque Moché n’a pas atteint cette 50e porte de compréhension de son vivant, il ne pouvait donc pas concevoir la dimension de la Ménora émanant justement de ce niveau.
[Rabbi Nathan de Breslev – Likouté Halakhot]

« Nous nous souvenons du poisson que nous mangions gratuitement en Egypte » (Béaaloté’ha 11,5)

-> Rachi commente : Se peut-il que les Égyptiens leur aient donné du poisson gratuitement? Il est pourtant écrit : « Et la paille ne vous sera pas donnée » (Chemot 5,18).
S’ils ne leur donnaient pas gratuitement la paille, leur auraient-ils donné du poisson pour rien?
Que veut dire alors le mot : « gratuitement » ?
« Gratuitement » par rapport aux mitsvot [sans obligation d’accomplir les mitsvot].

-> Le Séfer Pardes Yossef, rapporte les paroles de rabbi Dov Berish (le rabbi de Biala) :
A l’époque de Noa’h, puisque Noa’h et ses enfants ont sauvé physiquement les animaux d’une destruction certaine. En récompense et suite à cela, Hachem a permis aux hommes de consommer de la viande animale.
Cependant, les poissons n’ont pas été sauvés grâce à Noa’h et ses fils, et par conséquent, il n’a pas été autorisé de pouvoir les manger.

Au mont Sinaï, Hachem a menacé de transformer au néant le monde entier (tohou vavo’ou), et ce dernier n’a été sauvé que grâce à l’acceptation de la Torah par le peuple juif.
Puisque toutes les créatures en ont été sauvées, alors c’est à partir du don de la Torah qu’il a été permis de manger également les poissons.

=> On comprend mieux les paroles de Rachi.
Lorsque des fauteurs parmi le peuple juif ont commencé à se plaindre du manque de nourriture, et ont dit : « Nous nous souvenons du poisson que nous mangions gratuitement en Egypte » = ils mangeaient du poisson en Egypte bien qu’ils soient alors interdits de le faire, et ce souvenir leur rappelé à quel point ils étaient alors totalement libres d’enfreindre la volonté de Hachem.
En effet, dans le désert, la manne tombait, et en fonction de sa distance avec l’entrée de la tente, elle exposait aux yeux de tous le fait que nous avions fauté envers D., sans s’en repentir.
[en Egypte l’esclavage était terrible, mais au moins on pouvait fauter « tranquillement »!!]

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Suite à la plaine d’un groupe d’ingrats du peuple : « qui nous donnera de la viande à manger? » (11,4), D. envoya les cailles.

+ « Un vent s’éleva de par Hachem, qui suscita des cailles … à la hauteur de deux coudées environ sur le sol » (Béaaloté’ha 11,31)

-> Rachi commente : Elles volaient à hauteur des hommes, face à leurs cœurs, afin qu’ils n’aient aucun mal à les capturer et qu’ils n’aient ni à s’élever ni à se baisser

=> Comment comprendre que : « La viande était encore entre leurs dents, pas encore coupée, que toute la colère de Hachem s’enflamma contre le peuple » (v.11,33)?
Pourquoi D. a fait-il un miracle aux fauteurs, en suspendant en plein air la viande pour qu’ils puissent la manger sans faire d’efforts?

-> Le Darké Moussar tire de là à quel point le système de récompenses et de punitions de Hachem est précis.
Même une personne qui a un décret Divin de souffrir à cause de son comportement, aura une dose totale de douleur qui sera d’une précision extrême.

=> Bien que personne n’apprécie la souffrance, la conscience qu’elle nous est envoyée avec précision par notre Père miséricordieux et plein d’amour, rend plus supportable nos moments difficiles de la vie.
A l’image d’un médicament : c’est amer, mais c’est nécessaire (puisque Hachem nous l’envoie)!

=> cet événement (ne pas apprécier l’énorme bonté de la manne!) nous amène à réfléchir : nous vivons à un moment de l’histoire unique dans la liberté, dans l’abondance et le confort matériel, … et malgré cela on en vient à se plaindre et à critiquer plein d’ingratitude Hachem.

Combien de gens ont beaucoup de mal à trouver leur conjoint, à avoir des enfants, à finir le mois, à être en bonne santé, … on se plaint trop facilement, parce que nous ne relativisons pas et surtout ne prenons pas le temps d’exprimer notre reconnaissance pour tout ce que l’on a, le considérant comme normal/acquis.
C’est la tendance naturelle : ne jamais être content, puisque toujours focalisé sur le prochain plaisir que l’on pourrait avoir, même si on a déjà tout pour être heureux!

[tu as beau avoir la manne, qui permet d’avoir le goût de pratiquement tout aliment, qui purifie et élève, qui n’a pas de rejet du corps, … mais le pourquoi n’ai-je pas … vient tout détruire!]

-> « Quel est le riche ? C’est celui qui est heureux de ce qu’il possède » (Pirké Avot 4,1)
=> Pour un juif, le classement des personnes les plus riches du monde se fait en fonction de l’intensité de joie que l’on ressent avec ce que l’on a.

« Lorsque la nuée stationnait longtemps au-dessus du Michkan, les enfants d’Israël, fidèles à l’observance de Hachem, ne voyageaient pas » (Béaaloté’ha 9,19)

-> Le rav Yé’hezkel Levinstein (Ohr Yé’hezkel – Emouna) enseigne qu’après le don de la Torah, la toute 1ere épreuve à laquelle D. soumit le peuple juif, fut de s’habituer à suivre la nuée.

-> Le Ramban (v.9,19) commente que les arrêts réguliers de la nuée causaient de nombreux désagréments aux juifs.
Ils devaient parfois faire halte dans des lieux forts désagréable et pourtant, ils demeuraient sur place, même pendant de longues périodes, jusqu’à ce que la nuée s’élève.
Inversement, s’ils devaient reprendre la route après un arrêt trop court, il acceptaient de plein gré la volonté de D.

-> Selon le rav Yé’hezkel Levisntein, cela nous apprend que dans notre existence, le respect des ordres Divins est l’unique bien qui soit.
Même quand un lieu ou une situation semblent mauvais ou déplaisants à nos yeux, nous devons avoir la certitude que c’est le seul bien authentique, car telle est la volonté du Créateur.
Et l’inverse est aussi vrai : ce que D. considère comme mal ne saurait receler la plus petite parcelle de bien, même si nous y découvrions des aspects avantageux.

=> Quand on a la conviction que tout ce qui contrevient à la volonté Divine est mal par essence, aucune forme de convoitise/jalousie n’a de raison d’être.
De là, l’amour du prochain doit naturellement naître dans nos cœurs, car telle est précisément la volonté de Hachem.

Le yétser ara fait tout pour nous détourner par tous les moyens de ce principe qui est l’un des fondements d’une vie juive.
« Qu’il n’y ait pas chez toi de divinité étrangère, ne te prosterne pas devant un dieu inconnu » (Téhilim 81,10), que nos Sages (guémara Shabbath 105b) commentent : « il s’agit de la divinité qui est en toi [le yétser ara]. »
Si nous apprenons à accorder nos volontés avec celle de Hachem, il n’y aura plus de place pour ces « divinités étrangères », incarnées par nos désirs et tentations.

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-> Le rav Eliyahou Dessler (Mikhtav méEliyahou – tome.4) commente :
Ces déplacements irréguliers et imprévisibles étaient le moyen pour D. afin d’éduquer les juifs et les mettre en condition pour étudier la Torah.

A notre échelle, cela nous apprend que si un homme attend de connaître la sérénité et la sécurité financière pour commencer à étudier, il se trompe lourdement.
En effet, accepter la Torah signifie être capable de la vivre et de l’approfondir dans les conditions les plus difficiles qui soient.

[à l’image des déplacements dans le désert, quelques soient les situations que je peux traverser dans ma vie, cela provient d’Hachem, pour notre bien, et je dois faire avec!]

« Selon la Parole d’Hachem ils camperont et selon la Parole d’Hachem ils voyageront » (Béaaloté’ha 9,23)

Ce verset vient faire allusion au fait qu’il faille se comporter selon la Volonté Divine quand on est en voyage tout autant que quand on est paisiblement chez soi.
Parfois, le dérangement lié au déplacement peut entraîner un déclin spirituel, alors que la stabilité des temps où on est chez soi est une protection spirituelle.

Ainsi, de même que : « selon la Parole d’Hachem ils camperont » = quand on campe et que l’on est fixé chez soi, on peut encore mieux accomplir la Parole d’Hachem qui est la Torah.
De la même façon, « selon la Parole d’Hachem ils voyageront » = même en voyage il faut tout autant rester fidèle à la Parole d’Hachem.

[‘Hafets ‘Haïm]

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+ « L’homme qui est pur et qui n’était pas en chemin, et qui s’est abstenu de faire Pessa’h » (Béaaloté’ha 9,13)

Ce verset parle d’une personne qui n’a pas de raisons d’être dispensé du sacrifice de Pessa’h puisqu’il est pur et n’était pas en chemin.

Mais la Torah vient également faire allusion au fait qu’il est très difficile de rester pieux et pur quand on est trop souvent en voyage. En effet, le déplacement peut perturber un homme, entraînant la diminution dans l’étude de la Torah, troublant la concentration dans la prière, ainsi que dérangeant la pratique des Mitsvot.

Cela est en allusion dans ce verset : « L’homme qui est pur », c’est celui : « qui n’était pas en chemin », car les déplacements rendent difficiles la pratique de la Torah et la préservation de la pureté.
[Rabbi Akiva Eiger]

[lorsqu’on est en voyage, on sort d’un milieu cadré/protégé (nos habitudes, regard de nos proches, …), et sans nos repères on a tendance à se relâcher (c’est pas si grave si je fais un peu moins uniquement pendant quelques jours de déplacement! Profitons!! de toute façon personne n’en saura rien! …)]

« Moché est Mon serviteur : de toute Ma maison, c’est le plus fidèle » (Béaaloté’ha 12,7)

-> Le Nétsiv (Haémek Davar) soutient que le qualificatif « fidèle » n’est attribué qu’à celui qui pourrait trahir et qui ne le fait pas.
Si Moché mérita d’être désigné de la sorte, c’est parce qu’il connaissait le nom Divin ineffable, celui avec lequel le Ciel et la Terre furent créés, et que par fidélité à D., il ne l’utilisa jamais.

Dans ses annotations Haar’hev Davar, le Nétsiv rapporte au nom du Sifri, que d’après certains de nos Sages, « toute Ma maison » vient inclure les anges de Service.

=> Cela revient à dire que Moché aurait pu interagir également avec les créatures célestes. Cependant, sa fidélité [à D.] était telle qu’il se refusa même d’influer sur les anges.

Dans le Emek haNétsiv (sur le Sifri 45), le Nétsiv ajoute que Moché, par sa maîtrise des noms Divins, avait même le pouvoir de changer la mer en terre ferme. Mais là encore, il refusa d’utiliser ce savoir pour susciter le miracle, et sur les berges de la mer Rouge, il agit uniquement en tant qu’émissaire de Hachem.

Le Nétsiv précise également que si Moché avait fait usage du Nom ineffable, il se serait épargné tous les tourments qu’il endura lors de la traversée du désert. Mais cela n’était pas dans ses intentions, car il était fidèle à D.

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-> Le rav de Brisk dit : Notre devoir est d’obéir fidèlement aux ordres divins, au mépris de toute considération : même si les anges célestes devaient s’en mêler, rien ne doit nous détourner de la volonté de D.

-> Le rav de Brisk enseigne également :
Dans la guémara (Sanhédrin 98a), il est enseigné que le machia’h est assis au milieu des lépreux indigents, et que contrairement à ses compagnons d’infortune, il soigne ses plaies l’une après l’autre.

Autrement dit, les lépreux ont pour habitude d’ôter tous les bandages de leur corps et de traiter simultanément toutes les zones atteintes.
Mais le machia’h n’agit pas ainsi : il retire un pansement, il désinfecte une plaie, il remet le bandage en place et seulement après il s’occupe de la lésion suivante.
Pourquoi cette précaution?

La guémara explique que s’il enlevait 2 pansements à la fois et qu’il était soudain appelé à délivrer le peuple juif, il perdrait un temps précieux à rebander les 2 plaies, ce qui retarderait d’autant la rédemption.

=> Le rav de Brisk dit que nous voyons de là que lorsque l’heure de la délivrance aura sonné, le machia’h devra se manifester aussitôt, sans le moindre report. Cette urgence est due au fait que le monde est jugé selon le nombre des mérites et des fautes.
De ce fait, si une personne accomplit à un moment donné une mitsva supplémentaire au nombre de péché, elle aura ainsi fait pencher la balance du côté des mérites et la guéoula pourra survenir.
Or, si le machia’h devait tarder un tant soit peu à se révéler, il se pourrait que quelqu’un d’autre commette entre-temps une faute et que la rédemption soit alors reportée.

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-> La guémara (Erouvin 43a) envisage une thèse selon laquelle le problème du té’houm Shabbath (zone autour des lieux d’habitation qu’il est interdit de dépasser le Shabbath) se pose également à la verticale, c’est-à-dire que l’espace se trouvant au-dessus des 10 téfa’him proches de la surface de la terre serait considéré comme étant hors du té’houm.

Ainsi, le cas échéant, le machia’h ne pourrait pas se manifester le Shabbath, puisqu’il est censé arriver par la voie des airs.
Or, notons bien que l’interdiction du ét’houm relève seulement d’une institution rabbinique.

=> Cela nous apprend qu’en dépit du fait que le machia’h se tient prêt à se révéler à tout instant, il s’abstiendra de le faire au prix d’une simple défense rabbinique.
Et bien qu’il se puisse que dans l’intervalle de ce Shabbath, quelqu’un commette une faute et que la délivrance soit repousser à plus tard, jusqu’à ce que la balance penche à nouveau du côté des mérites, ce qui peut prendre plusieurs dizaines ou centaines d’années, le machia’h ne se manifestera pourtant pas pendant le Shabbath.
Pourquoi cela?

Parce que sa venue impliquerait la transgression d’un interdit de nos Sages.

=> Le rav de Brisk déclare : Même si nous avions la certitude qu’un projet susciterait la venue du machia’h, et que s’il n’était pas mis en oeuvre, la rédemption n’arriverait pas, nous ne l’autoriserions pas s’il contredit un seul ordre rabbinique, et à plus forte raison une interdiction de la Torah (que se soit envers Hachem, ou bien envers son prochain).
La fin ne justifie pas les moyens, aucun écart de conduite ne peut être toléré même pour la plus noble des causes.

[Moché dit à Yitro : …] « Hachem a parlé du bien sur Israël » (Béaaloté’ha 10,29)

Dans tout le Tana’h, les termes : « dibèr tov » (a parlé du bien – דבר טוב) apparaissent uniquement à 2 reprises :
-> la 1ere fois dans notre verset qui décrit les propos de Moché à Yitro pour le convaincre de rester avec eux.

-> la 2e fois dans la Méguilat Esther (7,9), quand il est dit que Mordé’haï « a parlé du bien sur le roi » (דִּבֶּר-טוֹב עַל-הַמֶּלֶךְ), pour sauver sa vie.
Bien qu’il s’agisse là du roi A’hachvéroch, d’après le Midrach quand il est dit dans la Méguila « le roi » (hamélé’h), sans préciser A’hachvéroch, cela fait allusion à Hachem.

=> Ainsi, les 2 références de ces termes (dibèr tov – דבר טוב) font allusion au fait que quiconque dit du bien sur le peuple d’Israël (« a parlé du bien sur Israël »), cela lui est compté comme s’il disait du bien sur Hachem Lui-Même (« a parlé du bien sur le Roi (des rois) »).

[le Bné Yissa’har – Rabbi Tsvi Eliméle’h de Dinov – dans son Agra déKala]

« Myriam fut mise en quarantaine à l’extérieur du camp durant 7 jours, et le peuple ne se mit pas en route jusqu’à ce que Myriam fût ramenée » (Béaaloté’ha 12,15)

-> Selon le Ohr ha’Haïm, bien que la colonne de nuée se fût élevée (v.10) [indiquant de quitter le lieu], le peuple n’a pas pris le départ, afin d’honorer Myriam en attendant son retour.

-> Rachi enseigne : Si Hachem lui a accordé cet honneur, c’est parce qu’elle avait veillé pendant une heure sur Moché lorsqu’il avait été jeté dans le fleuve, comme il est écrit : « Sa sœur se tint de loin, pour savoir ce qui lui serait fait » (Chémot 2,4).

-> Les Tossefot (sur la guémara Sotah 11a) commente : « Ce n’est pas exactement une heure [qu’elle passa à veiller sur Moché], mais plutôt un tiers ou un quart d’heure.
En effet, il est enseigné dans la Tossefta que l’attribut de bonté [dont résultent les récompenses] est 500 fois supérieur à l’attribut [qui suscite] les catastrophes ».

-> Rabbi Yaakov Beifuss (Léka’h Tov) développe cette idée.
En 7 jours, il y a 168 heures, qui correspondent à 504 tiers d’heure.
Il en résulte que pour ces quelques 20 minutes (1/3 d’heure), que Myriam a consacrées à surveiller Moché quand il avait été jeté dans le Nil, elle mérita que le peuple juif au complet l’attende pendant une semaine entière (7 jours), jusqu’à ce qu’elle fût réintégrée.

=> Cela nous montre l’importance de la récompense des mitsvot : pour chaque acte minime que l’homme accomplit, il recevra un salaire 500 fois supérieur!

« Ainsi fit Aharon » (Béaaloté’ha 8,3)

Rachi commente : c’est l’éloge de Aharon qui n’a rien changé [à l’ordre reçu relatif à l’allumage et à l’entretien des lumières de la Ménora].

=> Pourquoi pourrions-nous penser que Aharon aurait modifié l’ordre reçu?

Le rav Shloime Halberstam répond que les flammes que Aharon allumait sur la Ménora représentent les âmes du peuple juif. En enflammant ces âmes, Aharon témoignait de son amour envers chaque juif, en les ramenant plus proche du Service de leur père au Ciel (avi’hem chébachamaïm).

A cet égard, Aharon travaillait d’une manière parfaitement égale pour chaque membre du peuple juif, ne témoignant d’aucun favoritisme ou d’un amour supplémentaire qu’à celui de ses propres enfants.

=> C’est cela toute la profondeur de l’éloge de Aharon : « il n’a rien changé ».

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-> Dans la bénédiction : « sim shalom » de la Amida, il est écrit : « Une loi (Torat) de vie, l’amour de la vertu, et de la justice, la bénédiction, la miséricorde, la vie, et la paix. » (torat ‘haïm, véaavat ‘héssed, vétsédakat, vébéra’ha, véra’hamim, vé’haïm, véshalom).

Ces 7 formulations correspondent aux 7 flammes de la Ménora qui dispensaient la lumière Divine au peuple juif et à tout l’univers.
[Kohélét Its’hak – Béaaloté’ha]

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-> Le Ahavat Shalom (rabbi Ména’hem Mendel de Kossov) commente sur ce verset :
Pourquoi Aharon mérite-t-il d’être loué pour avoir correctement accompli une chose aussi facile que d’allumer la Ménora?

Dans le passage de la Torah relatif à chaque journée de la Création (paracha Béréchit), nous lisons à la fin de chaque paragraphe : « vayéhi ‘hèn » (et cela s’accomplit – וַיְהִי-כֵן).
Le seul paragraphe qui fait exception est le 1er paragraphe (1ere journée) qui décrit la création de la lumière où, au lieu de : « vayéhi ‘hèn », il est dit : « vayéhi or » (et la lumière fut – וַיְהִי-אוֹר).

Nos Sages, notant cette différence, expliquent que la lumière du 1er jour de la Création a été mise de côté dans un endroit caché, parce que D. trouva que le monde ne méritait pas d’être illuminé par la brillante splendeur de ce rayonnement céleste.
A la place, c’est une lumière diminuée qui est apparue. Avec pour résultat que D. ne pouvait plus dire : « vayéhi ‘hen » (et cela s’accomplit), parce que la lumière qui a émergé n’était pas celle que D. avait prévue pour le monde.

=> En illuminant la Ménora, Aharon a restitué la glorieuse lumière primordiale du monde. Il a rétabli par ce moyen le « bayéhi ‘hèn », le « et cela s’accomplit » du 1er jour de la Création.
C’était ce que veut dire Rachi par : « Aharon n’a fait aucun changement » = en illuminant la Ménora, il rectifia le changement qui avait été opéré lors du 1er jour de la Création. Un acte vraiment méritoire.

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Rachi explique que la Torah veut faire l’éloge de Aharon, qui fit comme Hachem l’ordonna et ne changea rien à l’ordre Divin.
Mais en quoi cela est-il si élogieux? N’est-il pas normal de ne pas changer de l’ordre Divin?

En réalité lorsque Aharon alluma les bougies de la Ménora, il était empreint d’un enthousiasme et d’une ardeur tellement intenses, que logiquement, il aurait dû être saisi de tremblement, ce qui aurait entraîné des modifications dans l’allumage, comme le fait de renverser un peu d’huile par exemple.
Mais Aharon, malgré son enthousiasme, a réussi à prendre le dessus et à avoir la maîtrise de son émotion, sans que son corps ne soit sous l’emprise de son ardeur. Dès lors, il a pu allumer la Ménora avec maîtrise de soi, sans
aucunement modifier, même contre son gré, l’ordre Divin.
=> L’éloge de Aharon était que malgré son émotion intense, il fut aussi capable de ne rien laisser transparaître et d’allumer la Ménora sereinement.
[Kédouchat Levi]

« Moché dit : 600 000 hommes à pied, c’est le peuple au milieu duquel je suis » (Béaaloté’ha 11,21)

-> Le midrach nous rapporte que lorsque Pharaon a décrété que les bébés juifs devaient être jetés dans le Nil, les mères juives les ont alors cachés dans leur sous-sol/cave afin que les égyptiens ne puissent pas les retrouver.
Cependant afin de les débusquer, les égyptiens amenaient leurs propres bébés dans les maisons juives, et les faisaient pleurer, ce qui entraînait les bébés juifs à pleurer également.
C’est alors que les égyptiens prenaient les enfants juifs et les noyaient dans le Nil.

Rav Lévi affirme que 600 000 enfants ont été ainsi jetés dans le fleuve, et cela a poussé Moché à déclarer : « 600 000 hommes à pied, c’est le peuple au milieu duquel je suis », et pour chacune de ces 600 000 personnes, un enfant a été jeté dans le fleuve.

-> Le rav Shimshon d’Ostropoli écrit à ce sujet :
En réalité, chacun de ces 600 000 enfants a vécu pendant encore 80 années.
En effet, à la place d’être noyés dans le Nil, ils se sont parfaitement développés dans le fleuve, comme le font les poissons.

Ce miracle a été révélé au grand jour, lorsque les juifs ont traversé la mer Rouge, puisque à ce moment ces enfants qui ont été transportés par les courants d’eau, sont sortis vivant de la mer.
=> Ainsi en plus des miracles sublimes liés à l’ouverture de la mer Rouge, il y a également eu des retrouvailles de chaque juif avec son enfant perdu (persuadé à tord d’être mort noyé!).

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-> Lorsque le machia’h arrivera, il se produira la même chose (ceux qui seront morts reviendront), comme le prophète Mala’hi (3,24) l’écrit : « Il ramènera le cœur des pères à leurs enfants, et le cœur des enfants à leurs pères ».