Les Doudaïm – les mandragores

+ Les Doudaïm – les mandragores :

« Je t’ai retenu pour les mandragores de mon fils » (Vayétsé 30,16) :

-> Quand Réouven apporta des mandragores à Léa, sa mère, Ra’hel les lui demanda.
Léa les lui donna en échange du fait que Yaakov passe cette nuit avec elle, et non avec Ra’hel, comme c’était prévu.

Les mandragores sont une plante qui a la vertu de pouvoir rendre fécond et d’avoir des enfants. C’est pourquoi Ra’hel en voulait tant.

Mais c’était le cas également de Léa, qui avait cessé d’avoir des enfants depuis un certain temps,et elle en avait aussi besoin, et c’est pour cela que son fils lui en apporta.
Malgré tout, elle accepta de les céder à sa sœur. En effet, elle voulait garder dans son cœur la conviction que seul Hachem peut donner des enfants. Elle ne voulait pas faire dépendre sa fécondité à des causes naturelles, comme la consommation de mandragores. Et c’est par cette foi, dont elle fit preuve en cédant les mandragores à sa sœur et en y renonçant pour elle-même, qu’elle mérita de concevoir cette nuit-là.
En effet, Hachem est la cause de toutes les causes, et c’est Lui qui fait tout, sans avoir besoin de se plier à aucune règle de la nature. Et le meilleur moyen d’obtenir ses besoins [personnels] est uniquement de placer fortement sa confiance en Lui.

[d’après le ‘Hidouché haRim]

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-> Ra’hel et Léa avaient des intentions pures :

– Léa voulait que Ra’hél soit heureuse de son sort, sans avoir d’amertume, et elle lui dit qu’elle a de quoi se réjouir, certes elle n’a pas d’enfants mais Yaakov est meilleur pour elle que 10 fils.
Elle a mérité l’amour du plus grand de la génération, de Yaakov, l’homme parfait installé dans les tentes, et que donc elle participe à sa part dans le service de Hachem et à sa Torah.
[d’une certaine façon, Léa voulait à tout prix passer la nuit avec Yaakov, pour montrer à Ra’hel l’importance qu’elle avait d’être si aimée aux yeux de Yaakov, même au prix de ne pas avoir d’autre enfant (par le fait de donner à Ra’hél les mandragores)!
De plus elle désirait pour sa sœur des enfants, afin que celle-ci n’est pas honte d’en avoir moins que les servantes.
=> En ce sens, le mot « doudaïm » (mandragores) a pour racine « dodim » (les amours), car elles ont un pouvoir de réveiller l’amour.]

– Ra’hel elle voulait montrer à Léa qu’elle aussi devait se réjouir de sa part, de ses enfants, et ne pas penser que Yaakov ne l’aimait pas.
C’est pourquoi elle a renoncé à la présence de Yaakov pour cette nuit-là, afin de montrer à Léa que la part qui lui était échue: les enfants, était meilleure pour elle que Yaakov.

=> Ainsi, tout ce qu’elle ont fait provenait de leur grand amour l’une pour l’autre.
Il n’y a pas non plus une absence de satisfaction de leur sort, car chacune a compris que c’est ce que D. voulait. Chacune d’elle se contentait de la part qui lui avait été destinée par le Créateur du monde.

Lorsque chacune a vu sa sœur, elle a craint que ce soit elle qui ne soit pas heureuse et qui soufre de son sort, et l’épisode des doudaïm montre l’encouragement que chacune a donné à l’autre.

[d’après le Béer Mayim ‘Haïm]

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-> Nos Sages ont des opinions différentes sur la nature des doudaïm :

Le Chir haChirim (7,14) rapporte qu’elles ont une odeur agréable.

Selon Rachi, il s’agit : des fleurs parfumées, espèce végétale que les arabes appellent « jasmin ».

Pour le Ibn Ezra, le Ramban et de nombreux autres commentateurs, c’est une plante ayant, dans ses racines, une silhouette ressemblant à un être humain avec une tête et des bras.
D’ailleurs, le Baal haTourim fait remarquer que la guématria du mot « doudaïm » est la même que : « ké-Adam » (comme un homme).

Le Rachbam et le ‘Hizkouni affirment qu’il s’agit de figues.

Rabbénou Bé’hayé et le Ramban nous apprennent qu’ils favorisent la conception.

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-> Le Zohar rapporte que :
« Depuis le début de la Création, Hachem voulait faire descendre une lumière de bonté (‘hessed) dans ce monde, et il l’a ainsi cachée dans les doudaïm.

Lorsque Léa les a donné à Ra’hel, elle a témoigné à Hachem qu’elle était méritante pour être le véhicule diffusant la lumière de Hachem au travers ce monde.
Hachem l’a récompensé avec la naissance de Yissa’har, qui représente le plus haut niveau de l’étude de la Torah.
L’étude de la Torah de Yissa’har prend la lumière que Hachem a caché dans les doudaïm et la répand partout dans le monde. »

Yaakov séjourne chez Lavan

+ Yaakov séjourne chez Lavan :

-> « A l’égard d’un juste, tu agiras avec sainteté, avec un escroc, tu agiras avec ruse » (Chmouël II 22,27).
Yaakov dit donc : « Si Lavan tente de me duper, j’agirai en conséquence. Mais s’il me traite avec équité, je serai honnête envers lui. »
[Rachi – Vayétsé 29,12]

-> Lavan pensait que Yaakov était chargé d’argent, puisque Eliézer, le serviteur de la maison, était venu autrefois au même endroit accompagné de 10 chameaux chargés de cadeaux.
Voyant Yaakov les mains vides, Lavan le serra dans ses bras, palpant ses poches pour voir s’il ne transportait pas des pierres précieuses. Ne trouvant rien, il l’embrassa sur les 2 joues, essayant de savoir s’il ne cachait pas de bijoux dans sa bouche.
Face à sa perplexité, Yaakov lui raconta qu’il fuyait son frère et que tous ses biens luis avaient été volés en chemin.
[Rachi – Vayétsé 29,13]

-> Yaakov déplaça d’une main une pierre lourde et immense, qui nécessitait les efforts conjugués de plusieurs bergers.
Les eaux du puits s’élevèrent et débordèrent pendant les 20 années de son séjour à ‘Haran.

Lavan accepta de loger Yaakov chez lui pendant un mois [suivant son arrivée], mais il ne lui accorda rien gratuitement. Yaakov devait conduire le troupeau de son oncle, qui le paya la moitié de ce que recevait un autre berger.
Yaakov accepta car pendant cette période il voulait s’assurer que Ra’hél et Léa craignaient Hachem.
[Méam Loez – Vayétsé 29,13]

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-> Bilha et Zilpa étaient également les filles de Lavan, … [elles] avaient été engendrées par les concubines de Lavan. Par contre, Ra’hél et Léa étaient les filles de ses épouses.
C’est pourquoi Bilha et Zilpa étaient considérées comme des servantes.

Ra’hél est nommée la « cadette » (littéralement « la plus petite » – akétana – v.29,16) car Yossef et Shaül, les 2 rois de sa postérité, ne régnèrent pas longtemps.

Léa est l’aïeule du roi David et de tous les rois de Yéhouda, ainsi que de Moché, Shmouël et Yéchayahou. Ainsi, elle est appelée « l’aînée » (littéralement « la grande » – aguédola), ses descendants ayant eu une influence durable.
[Méam Loez – Vayétsé 29,16]

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+ « Lavan réunit tous les habitants du lieu, et donna un festin. Le soir venu, il prit Léa sa fille et la lui amena, et Yaakov s’unit à elle » (Vayétsé 29,22-23)

-> Lavan dit aux hommes de la ville que tant que Yaakov était là, l’eau ne manquait pas de jaillir du puits. Il leur expliqua son stratagème de donner Léa à la place de Ra’hél, entraînant que par amour Yaakov travailler encore 7 années supplémentaires pour elle.

L’assemblée fut séduite par cela. Mais Lavan était si malhonnête qu’il voulait également tromper ses amis de la ville.
Il demanda à chacun d’amener en gage de confiance un aliment de valeur (ex: de la bonne viande, du vin …). Quand tous ses gages furent réunis, Lavan « offrit » un grand festin, sans dépenser le moindre sou.
C’est pourquoi la Torah écrit : « Lavan réunit tous les habitants du lieu et donna un festin ».
En principe, on prépare le festin et ensuite les invités arrivent. Lavan fit le contraire : il réunit d’abord les hommes, et quand ils apportèrent leur part, il ordonna que l’on festoie.
[Méam Loez – Vayétsé 29,22]

-> Le mariage eut lieu le vendredi soir, à l’heure de l’accueil du Shabbath.
Lorsque les habitants de la ville prirent place, ils commencèrent à chanter : « Hi Léa, Hi Léa » (voici Léa, voici Léa).
Intentionnellement, ils articulèrent mal les mots, afin que Yaakov pense qu’ils entamaient une mélodie anodine.
Lavan, en agissant de la sorte, se prémunissait contre la plainte que Yaakov n’allait pas manquer de lui faire le lendemain matin. Il pourrait alors lui affirmer : « Mais les invités t’ont dit qu’il s’agissait de Léa, et tu semblais heureux ».
Après l’accomplissement de son plan, Lavan accompagna Léa dans la chambre de Yaakov.
[Méam Loez – Vayétsé 29,23]

Comment Yaakov a-t-il pu épouser 2 sœurs?

Il est écrit : « N’épouse pas une femme avec sa sœur … de son vivant » (A’haré Mot 18,18).

=> Comment Yaakov a-t-il pu épouser 2 sœurs (Ra’hél et Léa)?

-> Les Patriarches n’accomplissaient les préceptes de la Torah que lorsqu’ils séjournaient en terre sainte.
Quand ils en sortaient, ils n’en observaient aucun, excepté les 7 lois universelles. Puisque le don de la Torah n’était pas encore intervenu, cette rigueur était inutile.
[…]

Ra’hél est morte sur le chemin, à l’entrée de la terre d’Israël. Par son mérite, elle n’est pas morte dans un pays étranger, et par son mérite à lui il n’est pas resté en terre d’Israël avec 2 sœurs, or c’est elle qui avait été épousée alors qu’elle était interdite en tant que sœur.
[Ramban]

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-> Selon une autre opinion, seul Avraham observa toute la Torah.
Par son statut du plus grand des Patriarches, D. lui en donna la permission.
Néanmoins, les autres Patriarches furent enjoints de respecter au moins les 7 commandements universels.

D. désirait l’accomplissement de la Torah que lorsqu’elle serait donnée en présence de 600 000 témoins, afin que le monde tout entier reconnaisse sa gloire.

[le Yéfé Toar – rapporté dans le Méam Loez – Vayétsé 29,28-30]

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-> Avant le don de la Torah, les Patriarches ont observé toute la Torah, mais chacun devait prendre la Torah sur lui à la façon d’un converti.
Or, nous savons qu’un converti est semblable à un enfant qui vient de naître.
[le Réem – rabbi Eliyahou Mizra’hi]

=> Quand Yaakov a épousé 2 sœurs, il les a certainement converties avant de les épouser, et comme elles étaient converties elles n’étaient plus considérées comme 2 sœurs, et n’étaient pas du tout interdites à Yaakov.

-> Le ‘Hatam Sofer transmet la même idée, en expliquant le fait que Yaakov consulte ses épouses avant de s’enfuir de la maison de Lavan d’après l’ordre de Hachem.
En effet, dans ces circonstances, qu’avait-il besoin de consulter ses épouses?

Mais il a voulu leur faire connaître l’interdiction d’avoir 2 épouses sœurs en terre d’Israël, et elles lui ont répondu : « Avons-nous encore une part et un héritage à la maison de notre père » = c’est-à-dire « un converti est semblable à un enfant qui vient de naître », par conséquent tu auras le droit de nous garder toutes les 2 même en pays de Canaan.

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-> De même le Maharcha (guémara Yoma 28b) enseigne
Lorsque Léa et Ra’hel, les filles de Lavan, ont épousé Yaakov, elles se sont converties.
Elles ont ainsi rompu leur lien familial et n’étaient donc plus considérées comme 2 sœurs. Bien que plus tard, nos Sages interdiront également le mariage avec 2 sœurs converties, cette loi ne s’appliquera que dans le cas où elles ont la même mère. Or Ra’hel et Léa avaient certes le même père Lavan, mais n’avaient pas la même mère.
Pour toutes ces raisons, Yaakov avait la permission de les épouser toutes deux.

-> Selon le commentateur Torat haOlam, il n’y avait aucun interdit d’épouser 2 sœurs à l’époque de Yaakov. Mais, en conséquence de ces 2 mariages et de la rivalité entre les enfants des 2 sœurs, la famille de Yaakov a dû descendre en Egypte. C’est pour cette raison que la Torah interdira dorénavant d’épouser 2 sœurs de leur vivant, mais Yaakov lui-même n’a commis aucune transgression.

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-> Hachem organisera pour les tsadikim dans le futur un banquet, le jour où Il comblera de bienfaits les enfants d’Its’hak.
Après avoir mangé et bu, les participants donneront à Avraham la coupe de vin pour le birkat hamazone ; Avraham répondra : « Je ne suis pas digne de bénir, car j’ai eu un fils (indigne) comme Ichmaël.
On présentera alors la coupe à Its’hak qui répondra : « Je ne suis pas digne de bénir, car j’ai eu un fils (indigne) comme Essav ».
On présentera ensuite la coupe à Yaakov qui répondra : « Je ne suis pas digne de bénir, car j’ai épousé 2 sœurs (Léa et Ra’hel) de leur vivant, ce qui plus tard sera interdit par la Torah. »
On dira alors à Moché : « Prends la coupe et bénis! » ; Moché répondra : « Je ne suis pas digne de bénir, car je n’ai pas eu le mérite d’entrer en Terre d’Israël, ni vivant ni mort ».
Ils diront alors à Yéhochoua [bin Noun] : « Prends la coupe et bénis! » ; Yéhochoua répondra : « Je ne suis pas digne de bénir, car je n’ai pas eu le mérite d’avoir un fils »
[d’après la guémara (Méguila 14b), il n’a eu que des filles. En effet, d’après la guémara (Erouvin 63b), rabbi Abba bar Papa dit qu’il n’a pas eu de fils parce qu’il a empêché tout Israël de procréer durant une nuit, lors du siège de la ville de Yéricho.] …
On dira enfin à David : « Prends la coupe et bénis! ». David répondra : « Oui, je bénirai, et il convient que ce soit moi », comme il est dit : « Je lèverai la coupe des délivrances et je proclamerai le Nom de Hachem » (Téhilim 116,13).
[guémara Pessa’him 119b]

=> Pourquoi Yaakov refuse-t-il la coupe de vin pour bénir?

-> Bien que Yaakov ait épousé 2 sœurs converties de mères différentes, et qu’à ce titre il n’ait commis aucune transgression, il a quand même refusé de bénir sur la coupe pour éviter des apparences trompeuses (mar’it ayin), car aux yeux du public, il s’agissait bien de 2 sœurs.
[Pirouch rabbi ‘Haïm Paltiel]

-> L’esprit prophétique (roua’h hakodech) de Yaakov l’a autorisé à épouser Ra’hel après Léa. Cependant, du fait que lorsque la Torah sera donnée plus tard, l’interdiction d’épouser 2 sœurs sera absolue (sans aucune dérogation), ce double mariage constituait pour Yaakov un déshonneur.
C’est pourquoi, malgré la permission suggéré par son esprit prophétique, il a refusé de lever la coupe de la délivrance, car il s’en est senti indigne à son niveau de Patriarche.
[Maharal – Gour Arié – Béréchit 46,10]

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-> Selon le Oh ha’Haïm haKadoch, avant le don de la Torah, les Patriaches n’avaient l’obligation que des 7 mitsvot des bné Noa’h, mais ils recevaient une récompense pour toutes les mitsvot qu’ils prenaient sur eux, sans être punis du tout pour celles qu’ils n’observaient pas.

Cependant, il souligne que là où les Patriarches voyaient quelque chose d’utile pour eux qui réussissait, comme Yaakov a connu la réussite en épousant 2 sœurs, alors il renonçait à la récompense qu’il aurait eue s’il avait observé cette mitsva, parce qu’il n’était pas puni de ne pas l’accomplir.

=> Ce qu’il a fait suivait un ordre de Hachem, et il n’a pas transgressé l’interdiction d’épouser 2 sœurs, c’était une mesure temporaire d’un prophète.

« Yaakov dit en les voyant : « Ceci est la légion de Hachem! » Et il appela cet endroit : Ma’hanayim » (Vayétsé 32,3)

-> Les voyant arrivés au loin, Yaakov rassura ses gens et dit : « Ce ne sont pas les troupes d’Essav ou de Lavan qui viennent nous attaquer. Ce sont les camps (ma’hanayim) des anges que D. envoie pour nous protéger de nos ennemis.

Au début de la paracha, Yaakov a quitté ‘Hebron, et la ville avait ressenti son départ comme une immense perte. Maintenant qu’il était de retour, les anges étaient extrêmement heureux. En effet, 600 000 anges vinrent l’accompagner lorsqu’il revint en terre d’Israël.

De plus, chaque fois qu’un individu accomplit une bonne action, un ange est créé.
Yaakov avait donc sa propre suite d’anges le protégeant de tout danger.

Quand il revint chez ses parents, D. l’honora en lui envoyant des cieux une autre escorte d’anges.
Quand Yaakov les vit, il dit : « C’est là le camp de Hachem. Ces anges ont été envoyés par D., et ce ne sont pas ceux créés par mes bonnes actions. »
Ainsi, il nomma l’endroit : « ma’hanayim » (les 2 camps) = il y avait les anges créés par ces bonnes actions, et également ceux envoyés par D.

[Méam Loez – Vayétsé 32,3]

Il lui dit : « Va je te prie, vois comment vont tes frères et comment va le troupeau » (Vayétsé 37,14)

-> Selon le midrach (Tan’houma Yachan Vayéchév 13), la raison pour laquelle Yaakov a demandé comment allait le troupeau était parce qu’il profitait du troupeau, de son lait et de ses pelages de laines.

=> On apprend de là l’importance d’être reconnaissant envers toute créature, pas seulement envers un homme qui nous a rendu service, mais aussi envers les animaux,et même les plantes.

[par nature, l’être humain n’aime pas être redevable d’autrui, alors il est facile de trouver des excuses pour annuler, amoindrir, cette dette de gratitude envers l’autre.
C’est pour cela que même envers le minéral (ex: cf. l’expression de ne pas jeter de pierre dans un puits qui nous a permit de boire!), le végétal, l’animal et à plus forte raison l’humain, nous devons sans cesse reconnaître et apprécier ce qu’ils nous apportent.
Rien n’est naturel, rien ne va de soit!
Plus nous nous habituons à l’apprécier, plus cela fait partie de notre nature, et le plus notre vie devient belle, puisque l’on se rend compte d’à quel point Hachem amène constamment sur nous de belles choses!
De plus en se focalisant sur le bien qu’il nous arrive dans la vie, les mauvais choses qu’on croit nous arriver deviennent alors minimes en comparaison.
Nous n’avons plus le temps de se dire à quel point nos malheurs sont grands, mais au contraire à quel point nos bonheurs sont grands! ]

« Tout ce que Tu me donneras, je T’en prélèverai le dixième » (Vayétsé 28,22)

-> Rabbi Moché Sternbuch (Taam vaDaat) fait remarquer que le devoir de prélever le maasser ne s’applique pas seulement à l’argent, mais à tout ce que Hachem donne à l’homme.
Ainsi, même la sagesse qu’Il donne, il faut en prélever le maasser, et en récompense on reçoit la bénédiction et la réussite.

-> Le rabbi Shimon Schkop enseigne : « De même que prélever le maasser de l’argent est un moyen de s’enrichir en s’élevant dans la spiritualité, quand il s’agit des dons et de la connaissance, si on en prélève le maasser, on s’enrichira plusieurs fois en spiritualité. »

[on est obligé de donner de sa sagesse, et on n’y perdra jamais, au contraire!]

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-> Le Nétivot Shalom dit qu’on doit prendre le maasser non seulement de son argent et de ses gains, mais également de tout ce dont on jouit en ce monde, de la plus petite mesure de plaisir, on est obligé d’en offrir le dixième à Hachem, c’est-à-dire de sanctifier son plaisir et d’en élever une odeur agréable à D.

[donner le maasser est similaire au fait de compter son troupeau d’animaux, et à chaque dizaine, nous mettons l’animal de côté pour Hachem. En agissant ainsi, on se rend compte d’à quel point D. nous comble du meilleur, ne reprenant que le 10e (nous laissant donc 90%! Quelle super affaire!!).
De même, dans la vie nous devons convertir une partie de nos satisfactions, en joie envers Hachem, le remerciant d’autant nous combler. En effet, D. n’a besoin de rien, et notre gratitude (merci! J’apprécie ce que tu me fais!) est un magnifique cadeau (notre maasser) que nous pouvons lui retourner!]

« Ne te réjouis pas mon ennemi, car si je suis tombé, je me lève, si je suis assis dans les ténèbres Hachem est une lumière pour moi » (Mikha 7,8)

-> Le midrach (Téhilim 22) explique que l’un mène à l’autre : si je n’étais pas tombé alors je n’aurais pas pu m’élever, et si je n’avais pas été assis dans l’obscurité alors je n’aurais pas pu bénéficier de la grande lumière de Hachem.

-> Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva 2,5) écrit qu’une personne qui a une solide émouna en Hachem, doit avoir conscience que dans ses moments les plus difficiles, l’obscurité qui est sur elle va lui permettre d’atteindre la plus grande lumière possible.
Ceci fait partie des plans Divin qui échappent à notre compréhension (nous ne sommes pas D.!).

[chez les juifs une journée commence le soir. En effet, pour un juif une période d’obscurité est le chemin nécessaire pour atteindre la plus grande des illuminations (le plein jour!)
A l’image d’une plante qui doit être dans la terre (souvent noire) pour pouvoir s’épanouir au grand jour.]

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-> « Ta postérité sera comme la poussière de la terre, et tu t’étendras puissamment à l’ouest et à l’est, au nord et au sud » (Vayétsé 28,14)

Le Sforno commente :
Ce n’est qu’après que ta postérité [juive] aura atteint le comble de la déchéance et sera semblable à la poussière de la terre, qu’elle s’étendra puissamment à l’ouest, à l’est, au nord et au sud.

=> La délivrance future ne surviendra qu’après qu’Israël soit tombé très bas, comme il est écrit : « Si tu vois une génération dans laquelle une rivière de malheurs se répandre sur les juifs, c’est alors que tu dois attendre la venue du machia’h » (guémara Sanhédrin 98a).

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-> b’h, voir également : http://todahm.com/2018/12/08/7616

« Il [Yaakov] eut un songe que voici : une échelle était dressée sur la terre, son sommet atteignit le ciel et des messagers divins montaient et descendaient le long de cette échelle » (Vayétsé 28,12)

-> Le Ahavat Shalom (rabbi Ména’hem Mendel de Kossov) de commenter :

Nous sommes tous engagés dans une lutte permanente contre le yétser ara, notre inclinaison au mal.
Parfois, le yétser ara utilise l’humilité comme instrument pour nous détourner de D., essayant de nous persuader qu’à cause de notre nature physique grossière, nous sommes incapables d’atteindre la sainteté.
Alors, nous pouvons signaler fièrement au yétser ara que nous possédons une âme qui est une étincelle Divine. Elle nous permet d’atteindre les plus hauts sommets de la sainteté.

Mais de nouveau, le yétser ara nous gonfle parfois d’orgueil, nous faisant croire que nous sommes un saint parfait. Nous répondons alors en étant conscient de notre nature terrestre inférieure.

=> C’est ce processus sans fin d’alternance entre orgueil et humilité qui est symbolisé par l’échelle.
– Lorsque le yétser ara nous dit que comme l’échelle (« dressée sur la terre ») : nous nous tenons sur le sol, nous lui répondons que : « son sommet atteignait le ciel ».
– Lorsque le yétser ara veut que nous croyions que nous avons atteint les cieux, alors nous controns en disant : « au contraire, comme l’échelle de Yaakov, je me tiens sur le sol! »

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+ « Yaakov s’éveilla de son sommeil et dit : il y a bien Hachem en ce lieu, et je ne savais pas » (Vayétsé 28,16)

-> Que signifie : « Il y a Hachem en ce lieu? »
Cela résulte de : « je ne savais pas », par lequel Yaakov annule sa personnalité, en se rabaissant, car la Présence Divine ne repose que sur celui dont l’esprit est humble.
[Tiférét Chlomo]

[si tu veux que Hachem réside en toi, alors laisse lui de la place, en ne t’enorgueillant pas d’être tout ou bien d’être un moins que rien. Il faut simplement être conscient et fier de ses capacités/qualités, tout en ayant conscience qu’à chaque instant elles nous sont confiées comme cadeau par D., et ce pour que nous en fassions le meilleur usage.]

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-> b’h, citations de nos Sages sur l’humilité : http://todahm.com/2018/12/25/lhumilite-quelques-citations-de-nos-sages
-> b’h, citations de nos Sages sur l’orgueil http://todahm.com/2018/12/25/lorgueil-quelques-citations-de-nos-sages

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+ « Yaakov s’éveilla de son sommeil et il dit (vayikats Yaakov michénato vayomer – וַיִּיקַץ יַעֲקֹב מִשְּׁנָתוֹ וַיֹּאמֶר) : il y a bien Hachem en ce lieu, et je ne savais pas »

Les lettres finales de ces mots forment : « tsibour » (public, communauté – צבור), c’et-à-dire que dans il y a une communauté (au moins 10 personnes, un minyan) alors « il y a Hachem en ce lieu », car « Hachem se tient dans l’assemblée Divine » (Téhilim 82,1), et leur prière est [forcément] acceptée.
Mais « moi » = s’il y a une seule personne, « je ne savais pas » = l’homme ne peut pas être sûr que sa prière soit acceptée [car cela dépend du fait d’avoir des mérites suffisants, et d’une perfection dans la récitation de la prière du début à la fin].
[Afiké Torah]

-> b’h, au sujet du fait de prier avec la communauté : http://todahm.com/2016/12/27/prier-avec-la-communaute

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+ « Yaakov s’éveilla de son sommeil » 

-> Nos Sages (midrach Béréchit rabba 69,7) interprètent ainsi :
Rabbi Yo’hanan a dit qu’il ne faut pas lire : « michnato » (de son sommeil – מִשְּׁנָתוֹ), mais « mi-michnato » (de son étude).

Yaakov qui était le pilier de la Torah, passa toute son existence à servir D., et même lorsqu’il s’arrêtait d’étudier pour assumer ses besoins matériels, son âme restait complètement attachée au Créateur et à la Torah.
Quand il mangeait, c’était pour donner des forces à son corps, de sorte à pouvoir accomplir son service Divin.
Ainsi, il ne dormait pas pour le plaisir, mais pour reprendre des forces afin de continuer à étudier avec davantage de vigueur.
=> Toutes ces actions faisaient pour lui partie intégrante de son étude. C’est pourquoi lorsqu’il se réveilla de son sommeil, c’était comme s’il se réveillait de son étude.
[issu d’un cours du rabbi David Pinto]

« Tu ne me donneras rien » (Vayétsé 30,31)

-> Lavan a voulu fixé un salaire cosntant et établi à l’avance, et Yaakov lui a expliqué : Tu ne me donneras rien, parce que si le salaire est fixé à l’avance et assuré, je risque de me détourner de ma confiance en Hachem.
Je veux recevoir ma subsistance directement des mains de D., en fonction de ce qu’Il suscitera, des [bêtes] mouchetées ou des tachetées dans les naissances du troupeau.
Je ne veux pas un sou qui me soit promis à l’avance, ainsi j’aurai sans cesse les yeux tournés vers Lui, et Il me donnera ma nourriture en son temps.
En ce sens : « Tu ne me donneras rien » = Je ne voudrais certainement pas avoir un salaire fixe.

[rabbi David Kim’hi]

« Yaakov s’unit pareillement à Ra’hel et aima Ra’hel plus que Léa, et il servit encore Lavan 7 autres années » (Vayétsé 29,30)

-> Le rabbi Moché Leib de Sassov (‘Hidouché Remal) enseigne :
Un juif doit toujours être joyeux, c’est un principe fondamental, comme il est écrit : « Adorez Hachem avec joie » (Téhilim 100,2).
La joie est une manifestation d’amour [de D.], c’est le plus haut niveau spirituel atteignable, plus élevé même que pleurer.

Bien sûr, les pleurs peuvent ouvrir les portes du Ciel, les Portes des Larmes, mais la joie peut briser toutes les portes et les murs.
Or, il est bien connu que Léa pleurait beaucoup. Elle était triste et craintive, pensant que puisque Ra’hel était mariée à Yaakov, elle devrait se marier à Essav.
C’est pour cette raison que Yaakov aimait plus Ra’hél que Léa.

[c’est une grande leçon pour nous : la joie de Ra’hél a eu bien davantage d’impacts que la tristesse (larmes) de Léa, au point que Yaakov : « aima Ra’hel plus que Léa, et il servit encore Lavant 7 autres années ».]