Balak & l’importance d’aimer son prochain

+ Balak & l’importance d’aimer son prochain :

-> Rabbi Avraham Yéhochoua Heshel (le rabbi de Apt) a fait remarquer :
« Les lettres du mot : Balak (בלק) sont les premières de : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ – Kédochim 19,18).
[même si sur le papier visuellement seulement 1 lettre est identique, vocalement on ne voit pas la différence : « vé-aavta » avec un bét (en place du vav), et ka-mo’ha avec un kouf (en place du kaf).]

[On apprend de là que ] Si l’on se focalise sur les petites différences entre nous et notre frère juif, plutôt que de se concentrer sur les grandes similarités, nous ne pourrons alors jamais accomplir cette mitsva. »

[même si l’apparence (l’écriture) est différente, l’essence, l’objectif proclamé est commun (on va tous dans la même direction!
Nous profitons de nos différences pour donner davantage de superbe à la tâche collective!!).]

« Il n’a pas observé d’iniquité en Yaakov … Hachem son D. est avec lui et l’amitié du Roi est en lui » (Balak 23,1)

-> Selon Rachi, lorsque Israël faute, D. s’abstient d’observer de trop près ses péchés.

-> Rabbi Lévi Yits’hak de Berditchev fait remarquer : Si Hachem, à qui tout est révélé et connu, ne regarde pas les fautes des juifs, combien à plus forte raison il nous est interdit de se focaliser sur les fautes d’un autre juif.
Nous devons également atteindre cette attitude élevée de : « Il n’a pas observé d’iniquité en Yaakov ».

-> Le Ibn Ezra dit que les 2 parties du verset sont liées : tant qu’il n’y a pas de faute chez Yaakov, D. lui voue son amitié. En revanche si Israël faute, D. lui retire a bonté.
C’est pourquoi Bil’am a compris que la meilleure façon de nuire aux juifs n’est pas de les maudire, mais de les inciter à pécher.

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-> Selon nos Sages, un bon ange est créé pour chaque mitsva réalisée, tandis qu’un mauvais ange est créé pour chaque faut que nous accomplissons (que D. nous en préserve).

Rabbi Zoussia d’Anipoli d’ajouter : « Les juifs sont saints, car j’ai pu voir les anges créés par leurs bonnes actions, et ceux créés par leurs fautes.
Les anges créés par leurs fautes sont imparfaits, faibles, pleins de défauts, car un juif ne faute pas de tout son cœur, puisqu’en fautant il est rempli de honte et de remords. »

« Balak fils de Tsipor vit tout ce qu’Israël avait fait à l’Amoréen » (Balak 22,2)

-> La Torah nomme d’abord Balak sans titre, car il n’a reçu le titre de roi de Moav uniquement parce que le peuple avait peur du peuple juif, et pensait qu’il pourrait les aider.
[Ramban]

Rachi rapporte : « Moav eut beaucoup peur … » (en apprenant que les juifs avaient vaincu Si’hon et Og, les puissants rois amoréens).

D’ailleurs, Rabbénou Bé’hayé dit que le titre roi est omit dans notre verset, car Balak avait tellement peur qu’il ne se sentait plus comme un roi.

-> Le mot : émori (Amoréen) provient de la racine : émor (dire).
Ce verset peut se comprendre ainsi : « Balak fils de Tsipor vit tout ce qu’Israël avait fait » avec la parole.
Il a réalisé comment les juifs peuvent transformer le pouvoir de la parole par la Torah, la prière et le fait de se retenir de lachon ara.
Lorsqu’il a pris conscience de cela, il a eu très peur.
[Magen Avraham]

-> Nous en tant que juifs, nous avant été directement témoins des événements écrits dans la Torah, à l’exception du récit sur Bil’am.
Nos ancêtres étaient en Egypte, et tout ce qui a pu se passer depuis la Création du monde a été transmis de génération en génération.
La seule chose dont la nation juive n’a pas été témoin est ce qui s’est passé (dans l’intimité du duo) entre Balak et Bil’am
Comment cela a-t-il pu être rapporté [dans la Torah]?

Nous le savons directement par Hachem, qui a demandé à Moché de l’écrire dans la Torah.
Ainsi, si une personne croit dans toute la Torah mais nie cette paracha, c’est quelle refuse la vérité de notre D.
[‘Hatam Sofer]

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+ « Il envoya des messagers (mala’him) à Bil’am » (Balak 22,5)

-> Balak était un plus grand sorcier que Bil’am, mais il ne savait pas comment finaliser la sorcellerie par sa bouche.
[Zohar]

-> Les nations (à l’exception d’Israël) sont sous la supervision d’un ange.
Pensant que cela était également le cas pour Israël, Balak envoya des mala’him (littéralement : des anges) à Bil’am : il écrivit le nom des 12 anges (un par tribu) en charge d’Israël.
Ce qu’il ne savait pas c’est que le peuple juif est sous la supervision directe de Hachem.
[Yalkout Réouvéni]

« Il ne voit pas le mal en Yaakov … Hachem son D. est avec lui » (Balak 23,21)

-> Même si une personne commet des fautes, s’il porte sur lui le joug de la Royauté Divine et qu’il accepte qu’Hachem est son D. et son Roi, alors Hachem ne verra pas et ne considérera pas ses fautes, car Il les considérera comme accidentelles.
En effet, un homme qui est conscient de la Royauté d’Hachem sur lui, même s’il commet une faute, elle ne peut être profonde et enracinée. Ses fautes ne sont que des accidents de parcours, commises un peu contre son gré, et Hachem ne les considère pas.

Cela est en allusion dans ce verset :
« Hachem ne voit pas le mal en Yaakov  » si « Hachem son D. est avec lui » = Si un homme prend avec lui cette réalité qu’Hachem est son D. et son Roi, alors vis-à-vis d’un tel homme, Hachem ne verra pas le mal et les fautes qui sont en lui.

[‘Hidouché haRim]

« Hachem se présenta à Bil’am, qui lui dit : J’ai dressé les sept autels, et j’ai offert un taureau et un bélier sur chaque autel » (Balak 23,4)

-> « Un homme doit toujours se consacrer à l’étude de la Torah et accomplir ses commandements, même pour un motif intéressé (chélo lichma), car par cette action intéressée, il finira par s’y consacrer de façon désintéressée (lichma).

C’est ainsi qu’en récompense des 42 sacrifices que le racha Balak a offert, il a eu le mérite de compter Ruth parmi sa descendance.
En effet, rabbi Yossi bar ‘Hanina dit que Ruth était la fille du fils de Eglon, roi de Moav.
[rav Yéhouda au nom de Rav – guémara Nazir 23b]

-> Tossefot enseigne :
Le roi de Moav, Balak, sur conseil de Bil’am, construisit 7 autels sur les hauteurs de Baal, et sur chacun d’eux, il offrit un taureau et un bélier, soit 14 korbanot dans le but que Bil’am puisse maudire le peuple d’Israël (cf. Bamidbar, chapitre 23).

[selon le Maharcha, dans la guémara (Horayot 10b), Balak avait peur du peuple d’Israël, et en offrant ces nombreux sacrifices, il croyait pouvoir être délivré de la puissance de ce peuple qu’il craignait]

Devant l’échec de cette tentative de malédiction, Balak dressa 7 autres autels dans un autre lieu, sur le plateau de Tsofim, et offrit sur chaque autel un taureau et un bélier, soit encore 14 korbanot.
Bil’am bénit Israël au lieu de le maudire ; Balak emmena alors Bil’am sur la cime de Péor, construisit 7 autres autels et offrit sur chacun d’eux un taureau et un bélier, soi encore 14 korbanot.

Ainsi Balak offrit au total, en 3 lieux différents, 42 korbanot pour tenter, sans succès, d’obtenir de Bil’am une malédiction du peuple d’Israël.
Ces korbanot ont donc été offert chélo lichma, dans un but intéressé et pervers, et non pas lichma (en l’honneur du Ciel).

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-> Pourquoi, à chaque emplacement, Bil’am a-t-il demandé à Balak de bâtir 7 autels en chacun des lieux?

Lorsque Hachem se présenta à Bil’am après l’offrande des 14 premiers sacrifices sur 7 autels, Bil’am dit à Hachem : Leurs ancêtres (avot) avaient construit pour Toi 7 autels (Avraham : 4 ; Its’hak : 1, et Yaakov : 2), et moi j’ai élevé 7 autels, autant qu’eux tous ensemble.
[Rachi – Balak 23,4]

-> Pourquoi Bil’am et Balak ont-ils offert les 42 korbanot en 3 lieux différents?

Il s’agissait de tester le peuple d’Israël sur 3 plans décisifs pour sa survie :
– sur le mont Baal, Balak a voulu savoir si la résistance physique d’Israël pouvait s’opposer et surmonter la malédiction ;
– sur le plateau de Tsofim (des Visionnaires), Balak a voulu savoir si la résistance d’Israël sur le plan spirituel était suffisante pour s’opposer à la malédiction.
– sur la cime de Péor : on pratiquait le culte de Péor qui consiste à se déshabiller et faire ses besoins devant cette idole, et donc à se débarrasser de toute contrainte sociale, morale ou pudeur afin de vivre dans un cadre de permissivité totale, sans aucune retenue, à l’opposé des lois de la Torah.
Il est possible qu’un peuple soit inattaquable dans ses capacités de résistance physique et spirituelle, mais devient fragile s’il a cette tendance à la débauche et à la permissivité.
C’est cette tendance que Balak a voulu tester en 3e lieu.
[rav Chimchon Raphael Hirsch]

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=> Quelle a été la récompense lichma, à travers Ruth, des sacrifices lo lichma du rois Balak?

-> Bien que Balak ait offert 42 korbanot chélo lichma dans le but d’obtenir la malédiction du peuple d’Israël, il a été récompensé par une noble descendance, Ruth, qui sera l’ancêtre du roi David qui abondera (réva, en allusion dans le nom de Ruth) en chants et en louanges (Tehilim) lichma, en l’honneur d’Hachem.
[Rachi – guémara Horayot 10b]

-> En récompense de ces 42 sacrifices, même intéressés (chélo lichma) et avec une intention de maudire, Balak eut dans sa descendance Ruth, de laquelle le roi Chlomo, fils de David, est issu.
Le roi Chlomo offrit 1 000 holocaustes, selon le verset : « Sur cet autel, Chlomo offrit 1 000 holocaustes » (Méla’him I 3,4).
Evidemment, ces offrandes offertes par le roi Chlomo étaient lichma, en l’honneur du Ciel.
[guémara Sota 47a]

-> La guémara (Sota 47a) fait remarquer que le dessein de Balak, qui était de faire maudire Israël, s’est réalisé à travers la mort des 42 enfants déchirés par 2 ours à l’époque du prophète Elicha, à cause des 42 sacrifices offerts par Balak, selon rabbi Yossi bar ‘Hanina.

« Hachem ouvrit la bouche de l’ânesse et elle dit à Bilam : Que t’ai-je fait pour que tu m’aies frappé ainsi à 3 reprises? » (Balak 22,28)

L’expression utilisée pour dire « 3 reprises » est : chaloch régalim (שָׁלֹשׁ רְגָלִים), ce qui fait allusion aux 3 fêtes de pèlerinage qui s’appellent aussi : chaloch régalim (les 3 pieds).

Rachi explique que l’ânesse voulait ainsi dire en allusion à Bil’am : « Comment peux-tu vouloir anéantir un peuple qui célèbre tous les ans 3 fêtes de pèlerinage (régalim) ? »

=> Pourquoi Hachem a-Il choisi précisément ce message?

-> 1°/ Le Gour Aryé explique que les 3 fêtes expriment la dimension éternelle du peuple d’Israël, grâce à laquelle personne ne pourra les supprimer.

En effet, ces 3 fêtes symbolisent : le début, le milieu et la fin de l’été.
Pessa’h se trouve au début de l’été (au printemps), Shavouot se situe au milieu (plus précisément au début du milieu de l’été), et Souccot conclue l’été pour amorcer l’hiver.

L’été symbolise la vitalité, la nature revit, contrairement à l’hiver où elle est inerte.
Ainsi, les 3 fêtes qui sont des moments de joie, c’est-à-dire également de grande vitalité, viennent souligner que les juifs qui les célèbrent, bénéficient d’une vitalité au début, au milieu et à la fin, c’est-à-dire dans le passé, le présent et le futur.

Israël a toujours existé (même avant la Création du monde comme le précise le Midrach), il existe dans le présent, et existera pour l’éternité.
=> C’est cela le message des 3 fêtes qui marquent cette éternité d’Israël, qui implique que personne ne pourra les faire disparaître.
Le projet de Bil’am est donc vain et impossible.

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-> 2°/ Le Lévouch explique que Bil’am était en train de voyager sur son ânesse pour atteindre les juifs et les maudire. Ce voyage de Bilaam était donc destiné à faire le mal.

Les juifs eux aussi font des voyages, ils se déplacent chaque année (aux temps où le Temple existait) pour se rendre à Jérusalem pour y célébrer les 3 fêtes. Cependant, ce voyage là était très positif, il correspondait à la volonté d’Hachem.

Ainsi, l’ânesse dit à Bil’am en allusion : « Toi tu voyages et tu te déplaces pour faire le mal et maudire Israël, crois-tu que tu pourras vaincre et supprimer ce peuple qui eux-aussi font des voyages et des déplacements 3 fois par an pour réaliser le bien et la volonté de leur D. !! « .

Le sous-entendu est que : « La force positive des déplacements d’Israël va annuler et neutraliser complètement la force maléfique du déplacement que tu es en train de réaliser. Tu ne pourras donc leur faire aucun mal! »

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-> 3°/ Le Tséda laDarékh rapporte une explication selon laquelle les 3 fois que Bil’am a frappé son ânesse, qui sont exprimées par les termes « les 3 pieds », correspondent aux 3 piliers sur lesquels reposent le monde.
D’ailleurs, c’est pour cela qu’ils sont appelés des « pieds », car le monde tient sur ces piliers, au même titre que l’homme se tient sur ses pieds.
En effet, il est enseigné dans les Pirké Avot que : « le monde repose sur 3 piliers : sur la Torah, le service de Hachem et la charité ».

Les 3 fêtes de pèlerinage correspondent à ces 3 piliers :
– Pessa’h correspond au patriarche Avraham qui incarne la bonté.
Ainsi, Pessa’h symbolise le pilier de la charité et des actes de bonté dont Avraham était l’exemple.

– Shavouot symbolise le piler de la Torah.
C’est à Shavouot que la Torah a été donnée.
[la Torah, c’est Yaakov.
On peut citer le guémara (Yoma 28b) : Yaakov a étudié la Torah durant toute sa vie ; ou bien le midrach (rabba Vayichla’h) : « Personne n’a autant peiné dans la Torah comme il a pu le faire ».]

– Souccot correspond au pilier du Service Divin, qui se pratique essentiellement par les sacrifices.
Or, à Souccot, on offre beaucoup plus de sacrifices que les autres fêtes, notamment les 70 boucs, ainsi que d’autres offrandes.
[La qualité d’Its’hak est le service de Hachem, qui doit se faire dans la joie]

=> D’après cela l’ânesse de Bil’am lui dit : « Comment peux-tu supprimer ce peuple qui célèbre les 3 fêtes, correspondant aux 3 piliers du monde.
Si tu les supprimes, sur quoi le monde va-t-il tenir? La création n’aura plus sur quoi tenir et disparaîtra !
Ainsi, si tu supprimes ce peuple, c’est l’univers entier que tu supprimes ! »

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-> Il y a d’autres nations qui ont envie de se rapprocher de Hachem à l’image du peuple juif.
Cependant, les autres nations du monde ne sont pas prêtes à abandonner les plaisirs de ce monde.
Trois fois par an, le peuple juif quitte toutes ses richesses, toutes ses possessions matérielles derrière lui, et voyage jusqu’à Jérusalem afin de devenir proche avec la Présence Divine.
Les juifs laissent derrière eux leur champ, leur maison, et tous les plaisirs physiques pour démontrer à Hachem leur volonté d’abandonner tout leur monde actuel dans un but d’être proche de Lui. [rien n’a de valeur pour nous par rapport à Ta proximité!]

Le midrach Tan’houma dit que les Chaloch Régalim sont par le mérite des 3 Patriarches.  [Pessa’h à Avraham, Shavouot à Yits’hak et Souccot à Yaakov.]
[Chem miChmouël]

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[Rachi (Balak 22,26) dit que les 3 fois où l’ange barra le chemin de l’ânesse correspondent aux 3 Patriarches.
La 1ere fois (v.22-23), l’ange empêche Bil’am d’avancer en ligne droite, mais celui-ci peut encore se diriger vers la droite ou la gauche = allusion à la descendance d’Avraham qui a dévié à droite et à gauche, c’est-à-dire la descendance de Yichmaël ou de Kétoura (qu’Avraham a épousée après le décès de Sarah), en revanche Bil’am ne peut rien contre les descendants de Its’hak (qui sont droits!).
La 2e fois (v.24-25), l’ânesse dispose d’un espace plus étroit pour éviter l’épée, une allusion à Its’hak, dont un seul fils (Essav) s’est montré indigne.
La 3e fois (v.26-27), l’ânesse n’a plus aucun espace pour manœuvrer, une allusion à la descendance de Yaakov, composée exclusivement de tsadikim que Bila’m ne pourra pas maudire.]

« Hachem ouvrit la bouche de l’ânesse et elle dit à Bilam : Que t’ai-je fait pour que tu m’aies frappé ainsi à 3 reprises? » (Balak 22,28)

-> Pourquoi Hachem a-t-il envoyé ce message par le biais d’une ânesse?

Afin d’informer Bilam que même un animal comprend à quel point il est mauvais de vouloir détruire le peuple juif.
[Rabbénou Ba’hayé]

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-> Pourquoi est-ce que Hachem a-t-il dépassé les lois de la nature pour transmettre ce message?

Le désir de téchouva de D. est si important qu’Il est prêt à aller au-delà de l’ordinaire afin de donner à une personne la possibilité de se repentir.
Ceci est également vrai pour une personne méprisable comme Bilam.
[Sforno]

[Hachem pouvait avoir toutes les raisons de le détruire, néanmoins nous voyons à quel point Il a une tolérance énorme envers le fauteur, ne désirant que son bien en lui fournissant de nouvelles opportunités de se repentir avant qu’il ne soit trop tard.]

-> D. désire que Bilam comprenne une chose : tout comme, l’ânesse n’a été dotée de la parole que pour la gloire d’Israël, de même Bilam n’a été dotée de la parole que pour une seule et unique raison : pouvoir prononcer les bénédictions que D. va lui mettre dans la bouche.
[Kli Yakar]

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+ « Bétsalel exécutera avec Aholiav et tout homme sage de cœur que Hachem a doté (baéma) de sagesse et d’intelligence pour savoir et pour exécuter tout le travail de l’ouvrage du Sanctuaire. » (Vayakél 36,1)

Le terme « doté » (baéma – בָּהֵמָּה) possède les mêmes lettres que : « un animal » (bééma).

Le midrach (Chémot rabba 48,3) commente que nous voyons d’ici que même les animaux des personnes qui ont construit le Michkan ont été dotés de sagesse.

Le ‘Hatam Sofer (Torat Moché) dit que cela était un message à ces artisans du Michkan : « Ne devenaient pas arrogants, car toute la sagesse que vous avez pour faire le Sanctuaire provient de Moi. Au moment où Je le désire, Je peux même la donner à un animal! »

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-> La guémara (‘Houlin 7a-b) parle de l’âne spécial de Rabbi Pin’has ben Yaïr.
Il est survenu une fois en arrivant à une auberge, que son âne a refusé de manger la nourriture qu’on lui apportait.

On lui a alors davantage tamisé et retiré toute impureté possible à la nourriture, mais il a continué à refuser de se servir.
Finalement, Rabbi Pin’has ben Yaïr est arrivé à la conclusion qu’on n’avait pas retiré la dîme sur l’orge qu’on lui avait servi, et que c’était pour cette raison qu’il refusait de manger.

=> C’était évidement un âne particulièrement froum …

-> De façon étonnante, le Ohr ha’Haïm (v.23,10) rapporte les paroles du Ari zal (Séfer haGuilgoulim) affirmant que l’âne de Bilam a été réincarnée dans le corps de l’âne de Rabbi Pinh’as ben Yaïr.

Rabbi Chlomo Bregman émet l’idée que c’est éventuellement en réparation de son attitude cruelle envers son ânesse.

-> On peut noter que le Ben Ich ‘Haï (Ben Yéhoyada) est d’avis que cet âne était une réincarnation de Yichmaël, le fils d’Avraham.
Etant quelqu’un de particulièrement voleur, il a fait une réparation en ne mangeant pas de la nourriture « volée » (maaser non prélevé).

« Il n’y a pas de divination en Yaakov, pas de sortilège en Israël » (Balak 23,23)

-> Rachi : Ils méritent d’être bénis car ils n’y a chez eux ni devins ni sorciers … le message leur en est transmis par la bouche de leurs prophètes.

-> Le midrach nous rapporte que Bilam a vu que la raison pour laquelle les juifs ont mérité la protection Divine était qu’ils étaient assis devant Hachem comme un élève face à son professeur, et ils examinent et clarifient chaque section de la Torah pour déterminer Ses intentions.
Même les anges n’ont pas accès à ces connaissances et ils doivent demander aux juifs ce que Hachem leur a enseigné.

=> Telle est la force de la Torah, faisant que nous sommes véritablement méritant des bénédictions Divines.

« Bil’am dit à Balak : Construis-moi ici 7 autels et prépare-moi 7 taureaux et 7 béliers » (Balak 23,1)

Bil’am a demandé à Balak à 3 endroits de construire 7 autels, et d’y offrir à chaque fois : un taureau et un bélier.
Ainsi, un total de 42 offrandes a été apporté.

-> La guémara (Sotah 47a et Sanhédrin 105b) enseigne qu’une personne doit toujours s’investir dans la Torah et les mitsvot, même si c’est au début de façon intéressée (lo lichma) car cela deviendra par la suite désintéressée (lichma = uniquement parce telle est la volonté de D.).

Pour illustrer cela, la guémara affirme qu’en récompense des 42 offrandes que Balak a offert à Hachem (apportées d’une façon intéressée = en espérant par cela permettre ou faciliter les malédictions sur Israël), il a mérité que descendent de lui : Ruth, le roi David et ainsi que le machia’h.

-> Rav Mattisyahou Salomon explique que mettre en place des « carottes », avoir de la motivation reposant sur des désirs personnels, est une part essentiel afin de prendre sur nous le joug divin.
Cela va permettre de libérer et canaliser au maximum nos forces et notre potentialité.

-> Le Néfech ha’Haïm rapporte le Zohar, disant qu’un joug est ce qui permet aux animaux de tirer un poids le plus lourd possible, avec un minimum d’effort, de fatigue.
De même, à nos yeux, la Torah ne doit pas peser des tonnes (que c’est lourd! fatiguant!).

Nous devons trouver les moyens qui vont rendre notre accomplissement des mitsvot le plus joyeux, le plus agréable possible (dans le respect de la loi juive), nous permettant ainsi d’en réaliser le plus possible (sans ce rendre compte de ce surpoids).

D’un côté, nous devons avoir en tête que faire des mitsvot, c’est mieux que de ramener chez nous un sac lourd de diamants, et d’un autre côté, nous devons en permanence nous trouver des « carottes » personnelles qui vont être moteur dans notre service divin.

Le joug de D. ne doit pas nous écraser sur le poids, au contraire il doit nous rendre joyeux, fier, …

-> « L’essentiel du plaisir et de la satisfaction que l’on procure à Hachem en prononçant les mots de Torah ou de prière, c’est quand cela est fait avec joie et plaisir. Au point que certains maîtres disaient des propos amusants avant l’étude pour réjouir les élèves, car il est dit : « Servez Hachem dans la joie ».  »
[Maor vaChemech]

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-> Au cours de l’histoire, 7 personnes ont érigé des autels à D. : Adam, Evel, Noa’h, Avraham, Its’hak, Yaakov et Moché.

Bil’am dit à D. : « Pourquoi ces [autels] T’ont-ils été agréables? N’est-ce pas parce que ces hommes T’ont servi? Ne vaut-il pas mieux que Tu sois servi par 70 nations que par un seul peuple? »

Cependant, D. ignore ses arguments et lui dit qu’à Ses yeux, ce n’est pas le nombre de sacrifices qui compte, mais la sincérité de celui qui les offre : les innombrables sacrifices que pourraient offrir les 70 nations sont insignifiants en comparaison du dévouement d’Israël pour la Torah.

[midrach Tan’houma]

« Que (מַה) sont agréables tes tentes (ohalé’ha) ô Yaakov, tes demeures (michkénoté’ha) ô Israël » (Balak 24,5)

-> Rachi : Parce qu’il a vu que les entrées [de leurs tentes] ne se faisaient pas face (pour des raisons de pudeur).
[Autre explication : ] Comme sont bons la « tente » de Chilo et le Temple pendant leur existence, parce qu’on y présente des offrandes destinées à leur expiation.

-> Le verset nous enseigne que les tentes d’Israël sont bonnes en raison du « ma » (מַה) : « Que suis-je? », qui fait allusion à la mida d’humilité.
En se comportant ainsi, le peuple juif a mérité de s’attacher ici-bas avec Hachem (michkénoté’ha).
[le Ben Ich ‘Haï]

[« Ma Tovou » (que sont agréables) : s’il y a l’humilité (ma?), alors on peut se connecter à Hachem et à sa Torah (il n’y a de véritablement bien (tov -> tovou) que la Torah)]

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-> Les « tentes » font référence aux lieux d’étude [de la Torah] ; les demeures font allusion aux Temples et aux synagogues, où le peuple prie à Hachem.
[Sforno]

Selon la guémara (Sanhedrin 105b), les « tentes » font allusion aux maisons d’étude.
[lieux où l’ont y apprend la Torah et les mitsvot, cela va rendre une personne tsadik et cela sanctifie le nom de D. ]

Nos Sages (guémara Ouktzin 3,13) enseignent que Hachem récompense chacun des tsadikim par 310 mondes.
Rabbi David Feinstein fait remarquer que la valeur numérique de : « Que sont agréables tes tentes ô Yaakov »(מַה-טֹּבוּ אֹהָלֶיךָ, יַעֲקֹב) est de : 310.

Selon le Yatsev Avraham, l’ordre du verset, nous enseigne qu’il est bien d’étudier la Torah avant de prier, car cela donne davantage de kavana et aide à ce que nos prières soient acceptées.

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-> La tente qui est temporaire représente le peuple juif dans le désert, se préparant pour entrer en terre d’Israël.
La demeure qui est permanente représente le peuple juif lorsqu’ils résideront en Israël, et seront alors à un niveau supérieur méritant d’être appelés : « Israël » (passage de : Yaakov -> à Israël).
[le Malbim]

-> Le nom « Yaakov » est à un niveau inférieur que le nom « Israël ».
Si nous voulons être spirituellement à un niveau élevé, nous devons voir la Torah et la prière comme une belle demeure, et non comme une tente à l’écart de tout.
[adaptation d’un commentaire du rabbi Zevi Hirsch Friedman]

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+ « Tes tentes » :

-> Rabbi David Feinstein enseigne que les lettres du mot : tes tentes (אֹהָלֶיךָ) permettent de former : Ton D. (Elohékha – אלהיך).
En allant étudier la Torah (dans tes tentes), tu y trouveras Hachem, source de bénédictions, te liant toujours plus avec Lui.

Par ailleurs, la façon élevée avec laquelle se comportent les étudiants en Torah, permet de glorifier Hachem (qu’il sont grands ces personnes, et combien est grand leur D.)

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-> Il y a une utilisation à la forme plurielle de : « ohalé’ha (tes tentes – אֹהָלֶיךָ), car Yaakov a résidé dans une tente terrestre et dans une tente céleste sur le Trône de Gloire (de Hachem).
[Baal haTourim]

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-> Le rabbi de Belz enseigne l’idée suivante :
Rachi (Béréchit 4,20) explique la notion de tentes comme étant mobiles (un berger allait planter sa tente ailleurs en fonction des pâturages), à l’opposé d’une maison/demeure qui est fixe.

La guémara (Méguila 29a) dit que dans le futur tous les lieux d’étude et synagogue en dehors d’Israël vont être déplacés jusqu’à Jérusalem.
=> Ceci explique l’utilisation du terme : « tes tentes », car ils ne sont pas installés durablement.

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-> Il est écrit : « Yaakov se construisit une maison, et pour son bétail, il fit des cabanes (Souccot) » (Vayichla’h 33,17)

En ce qui concerne ce monde, qui est celui de la matérialité (son bétail), Yaakov va faire une structure temporaire, car c’est secondaire dans sa vie.
On a ainsi d’abord : « Tes tentes ô Yaakov », faisant référence à l’ordre des priorités de Yaakov dans ce verset.

Par contre, en ce qui concerne le monde à venir (pour lui = sa néchama), il va bâtir une structure solide et permanente, qui demande de s’investir de toutes ses forces pendant longtemps. C’est de la plus haute importance!
On a ainsi d’abord : « Tes demeures ô Israël ».
Les lettres du mot : Israël (יִשְׂרָאֵל) permettent de former : yachar El (ישר אל – directement vers Hachem).

[Pné David]

[Nous sommes de passage sur terre dans des tentes éphémères, afin de construire de notre mieux notre maison éternelle, en orientant chacune de nos actions vers Hachem (yachar El).

Par ailleurs, on peut noter qu’en reliant ensemble les tentes et les demeures, cela nous enseigne que même en exil, même de passage dans ce monde éphémère, nous devons trouver cela aussi agréable que d’être dans une demeure.
En effet, c’est la condition pour avoir la tranquillité d’esprit nécessaire pour pouvoir prier et étudier pleinement.
Certes, tout ne va peut être pas comme je le voudrais, mais pourquoi me prendre la tête puisque ce n’est que temporaire. Le fait de déjà penser à notre magnifique demeure future, nous aide à être moins focaliser sur notre tente actuelle.]

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-> « Quelles sont belles tes tentes, Yaakov! Tes demeures, Israël! »

Selon le rav Moché Sternbuch (Taam vaDaat), cette annonce formulée par Bil’am invite les Bné Israël à ancrer dans leur cœur la conscience du caractère éphémère de ce bas monde.
En effet, la « tente » symbolise la précarité : on n’y réside généralement pas de manière permanente, elle n’est qu’un palliatif pour remédier à un problème d’habitation passager.

Ainsi, Bil’am déclare que le peuple juif doit savoir que ce monde-ci est éphémère, et qu’il n’est qu’un vestibule conduisant à notre existence future.
Le prophète souligne ainsi que « ces tentes sont belles » = c’est-à-dire que ce sentiment de précarité doit nous accompagner durant toute notre vie.
[le caractère éphémère de ce monde nous rappelle que notre vie est très courte, que notre mort arrive. Cela génère une grande humilité, responsabilité (le yétser ara ma vie est courte je n’ai malheureusement pas de temps à te consacrer!), …]

De plus, ce conseil s’adresse à tout un chacun, puisque l’appellation « Yaakov » désigne même les gens du peuple, évoluant à un niveau spirituel ordinaire.
Quant aux hommes d’envergure morale supérieure, ils sont nommés « Israël ». Pour leur part, il ne leur suffit pas de ressentir le caractère éphémère de ce monde : encore doivent-ils sanctifier toute leur existence terrestre « tes demeures, Israël » : afin de transformer leurs habitations en des Sanctuaires.

-> En ce sens le ‘Hafets ‘Haïm a répondu à un riche étonné devant la sobriété de sa maison : « Dans ce bas monde, je me considère comme un voyageur qui ne fait que passer. Ma véritable résidence se trouve dans le monde futur, là où je compte m’installer.
C’est la raison pour laquelle je n’ai pas jugé utile de meubler richement ma maison.
Ici-bas, dans le vestibule de mon existence, je concentre tous mes efforts pour accroître et embellir ma récompense éternelle par mon service du Créateur, afin de pénétrer dignement dans la Salle principale que constitue le monde futur. »

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-> On a vu que dans notre verset, on parle des lieux d’étude de la Torah et des lieux de prières (synagogues), on a le verset suivant qui commence par : « Comme des rivières elles se déploient ».
=> Quel est le lien entre les 2?

La guémara (Baba Kama 17a) dit que l’eau est une référence à la Torah.
De même qu’une rivière peut purifier une personne d’un état d’impureté (touma) à celui de pureté (tahara), de même pour ces lieux, qui ont un véritable pouvoir d’élévation vers la pureté.
[Béér Moché]

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+ « Combien sont belles tes tentes, Yaacov » (Balak 24,5)

-> Rachi explique que Bilam a prononcé cette bénédiction quand il a vu que les ouvertures des portes (des tentes) n’étaient pas orientées les unes face aux autres (de sorte que d’une tente on ne voyait pas ce qui se passait dans les autres, cela est une mesure de pudeur et de discrétion).

-> Le rabbi Baroukh de Méziboz explique cela d’une façon allusive.
Nos Sages (midrach Chir haChirim rabba 5,6) enseignent que celui qui ouvre une petite « porte » dans son cœur (même : « de la taille d’un chas d’une aiguille »!), pour le service de D., alors Hachem lui ouvrira une « porte » grande comme celle d’un palais.
Ainsi, les « portes » ne sont pas orientées l’une face à l’autre, car la « porte » qu’Hachem exige de l’homme est très petite, et celle qu’Il ouvre en réaction est très grande.
=> Quand Bilam a vu cet immense Amour d’Hachem pour Israël, Il a compris qu’il ne pouvait pas les maudire.

[« Combien sont belles tes tentes » =
– d’un côté = avec sincérité, nous faisons une ouverture minuscule à notre « tente » ;
– et de l’autre côté = Hachem nous donne tellement en retour, que d’une façon très imagée c’est comme la différence de taille entre le chas d’une aiguille, et l’immensité d’une entrée d’un palais.
=> Hachem nous aime tellement que pour chaque millimètre que nous faisons vers Lui, nous sommes comblés d’énormes bénédictions.
A la vision de cette réalité, Bilam a compris qu’il ne pouvait rien nous faire!]